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Alassane Ouattara réorganise la lutte antiterroriste de la Côte d’Ivoire

Alassane Ouattara réorganise la lutte antiterroriste de la Côte d’Ivoire

Via le renforcement des capacités opérationnelles (humaines notamment) du pays ou à travers la signature de partenariats régionaux et internationaux, le président ivoirien, ces derniers mois, a sérieusement intensifié la lutte antiterroriste.

 

Le 2 décembre dernier, à Abidjan, les gouvernements ivoirien et sud-africain ont signé neuf accords bilatéraux, dans des domaines très variés, dont certains intéressaient la défense des deux pays, et notamment la lutte contre le terrorisme. Objectif : renforcer la coopération militaire à travers des échanges de connaissances et d’expériences entre les différentes forces armées, pour une durée indéterminée.

 

Hausse des effectifs

 

Il s’agit du dernier acte en date du président ivoirien, Alassane Ouattara – présent à Abidjan lors de la signature des accords –, pour endiguer les velléités terroristes qui commencent à inquiéter la Côte d’Ivoire, cible de plusieurs attaques ces dernières années. La dernière, à Téhini, dans le parc national de la Comoé, n’avait fait aucune victime. Vraisemblablement dirigée par des rebelles burkinabè,  elle visait les forces de sécurité ivoiriennes.

 

Face à la recrudescence des actes terroristes, dans la région du Sahel notamment, et dans la perspective du départ des forces françaises de l’opération anti-terroriste Barkhane, Alassane Ouattara a donc décidé, en mai dernier, de mettre l’accent sur la sécurité à l’intérieur des frontières ivoiriennes, en renforçant les capacités opérationnelles de Côte d’Ivoire : en 2022, 3.000 soldats seront recrutés, et 7.000 de plus d’ici 2024, a annoncé le chef de l’État le 21 novembre dernier.

 

L’objectif est de rajeunir une armée légèrement vieillissante, en remplaçant les 4.000 soldats bientôt à la retraite, en débloquant un budget conséquent (plus d’1 milliard de francs CFA au titre du fonctionnement et de certaines dépenses militaires). Une dépense justifiée, selon Sylvain N’Guessan, expert ivoirien des questions de sécurité : « nos cinq régions du Nord sont harcelées par les terroristes. Il est tout à fait normal que les effectifs de notre armée soient revus à la hausse ».

 

Et il n’y a pas que les effectifs humains dont les rangs grossissent. Alassane Ouattara a décidé, le 10 novembre dernier, d’accroître la flotte aérienne de Côte d’Ivoire, en acquérant deux avions militaires. Abidjan a, pour ce faire, contracté un prêt de 8,5 milliards de francs CFA avec la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO. Avant cela, le président ivoirien avait mis en place un nouvel organe chargé de centraliser les actions de l’État contre les terroristes présumés, le Centre de renseignement opérationnel antiterroriste (CROAT).

 

« Agir ensemble »

 

La création de cette structure (placée sous la double tutelle du chef de l’État et du ministre de la Défense) avait été encouragée par la France, partenaire de longue date dans la lutte pour l’intégrité de la Côte d’Ivoire et la défense de ses concitoyens. En 2017, déjà, Alassane Ouattara et son homologue français, Emmanuel Macron, avaient officialisé la création de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), inaugurée en grande pompe en juin dernier, afin de venir en aide aux forces armées ivoiriennes dans leur combat contre les djihadistes.

 

« L’AILCT doit devenir un pôle d’expertise et de compétence régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos États et de la sécurité de nos population », avait alors déclaré le président ivoirien. L’Académie « sera l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’Ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée », avait ajouté son Premier ministre, Patrick Achi.

 

Outre la France qui continuera, malgré le départ de ses troupes, à épauler Abidjan dans la lutte contre le terrorisme, outre l’Afrique du Sud, avec qui Alassane Ouattara souhaite échanger des connaissances et retours d’expériences, la Côte d’Ivoire entend bien s’appuyer sur la CEDEAO. La 41ème réunion du Comité des chefs d’état-major se tenait à ce propos mi-novembre dans la capitale ivoirienne, dans le contexte de la fin de l’opération multilatérale Barkhane.

 

« L’anticipation de cette nouvelle donne s’impose pour la préservation du fragile équilibre dans [la zone du Sahel] », déclarait à ce propos le ministre ivoirien de la Défense. Celui-ci de rappeler la ligne d’Alassane Ouattara en matière de lutte antiterroriste : « Nous sommes convaincus que les opérations conjointes sont la solution. […] Il est évident que, pour pouvoir mieux sécuriser nos hommes, il nous faut agir ensemble ».

Publié le 10 décembre 2021 à 10 h 48 min par Rédaction

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