Législatives ivoiriennes : la victoire attendue du RHDP

4 mois après l’élection présidentielle qui a reconduit le président Alassane Ouattara au pouvoir, le 6 mars 2021 a été marqué par des élections législatives en Côte d’Ivoire. Et pour la première fois depuis 2010, les trois grands partis se sont présentés au scrutin, espérant obtenir une majorité des 255 sièges. “Les élections les plus ouvertes depuis 25 ans” : c’est une belle image que renvoie le pays après des mois de contestations civiles et politiques, qui avaient laissé un goût amer aux Ivoiriens. Une nouvelle page se tourne, favorable à Alassane Ouattara qui pourra mettre en œuvre son programme de développement avec le soutien du Parlement.
Des alliances surprises
Les alliances qui se sont créées à la faveur des élections législatives n’ont rien à voir avec les courses individuelles observées lors du scrutin d’octobre dernier. La plateforme Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté rassemblait le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) d’Henri-Konan Bédié et le FPI (Front Populaire Ivoirien) de Laurent Gbagbo. Ces derniers se sont mis d’accord sur 80% de candidatures communes et entendus pour se désister au sein des circonscriptions où le scrutin était uninominal. Pour le politologue Sylvain N’Guessan, ces élections représentaient un test pour Laurent Gbagbo, ancien détenu de la Cour pénale internationale, mais surtout une chance pour le PDCI de remobiliser son électorat : “S’ils conservent leurs députés, ce sera déjà une victoire”, déclarait-il.
D’autant que l’alliance PDCI-FPI d’Henri Konan Bédié et de Pascal Affi N’Guessan, qui faisaient tous deux front au troisième mandat présidentiel d’Alassane Ouattara, s’est décomposée. Pascal Affi N’Guessan a préféré le camp adverse rassemblant les formations politiques suivantes : l’UDPCI (Union pour la Démocratie et pour la Paix en Côte d’Ivoire) d’Albert Toikeusse Mabri, le CoJEP (Congrès panafricain pour la Justice et l’Égalité des Peuples) de Charles Blé Goudé, ainsi que le mouvement Agir de Martial Ahipeaud.
Comme l’affirmait le chercheur Arsène Brice Bado, “l’opposition joue (…) sa crédibilité après avoir appelé ses électeurs à se démobiliser lors de la présidentielle”. Appel au boycott et à la désobéissance civile, tel était le programme d’Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan quelques mois plus tôt. Des actions contraires au processus démocratique et sans fondement réel, qui pourraient avoir eu un impact sur les résultats du scrutin du 6 mars.
Des résultats en faveur du RHDP
Près de 7,5 millions d’électeurs étaient appelés à voter samedi dernier. Un enjeu de taille pour le parti présidentiel : “le RHDP doit démontrer qu’il peut convaincre au-delà de son électorat traditionnel du nord de la Côte d’Ivoire et rassembler dans les zones acquises à l’opposition : dans le Centre, l’Ouest, l’Est et le Sud”, expliquait Sylvain N’Guessan.
Après une campagne électorale paisible, l’heure est aux résultats. Avec un taux de participation de 37,88%, le RHDP obtient la majorité des sièges (54%) avec 137 élus, et récupère la circonscription de Yamoussoukro, qui appartenait jusque-là au PDCI. Des résultats provisoires annoncés par la CEI (Commission Electorale Indépendante), certes (il appartient au Conseil constitutionnel de les proclamer définitivement), mais qui annoncent une large victoire du parti au pouvoir. Coup de théâtre également lorsqu’Adama Bictogo (directeur exécutif du RHDP) annonce que sur les 26 députés indépendants élus, 16 sont des délégués départementaux du RHDP. Résultat : le parti présidentiel totaliserait 153 députés (60% des voix), soit plus que l’objectif d’Alassane Ouattara. Une belle victoire, donc.
L’alliance des familles politiques pro-Bédié et pro-Gbagbo enregistre quant à elle 32% des sièges avec 81 députés élus. Enfin, l’UDPCI et ses alliés totalisent 4% des sièges avec 10 élus. “Ceci démontre clairement que le RHDP est le premier parti et que nous représentons plus de 60% des Ivoiriens et que nous répondons à leurs aspirations”, se félicite Adama Bictogo. Cette réussite devrait permettre à Alassane Ouattara de poursuivre ses réformes politiques.
Le programme solidaire et inclusif du Président Ouattara
Les élections législatives étaient cruciales pour le chef de l’Etat, et la victoire du RHDP l’aidera dans la mise en œuvre de son programme de développement. Reposant sur cinq piliers, ce dernier permettra “d’accélérer la transformation économique et sociale de la Côte d’Ivoire” et “place le citoyen au coeur du développement”, précisait Alassane Ouattara. Renforcement de la cohésion sociale, création de richesses, développement de la compétitivité, amélioration de l’administration et meilleur encadrement des Ivoiriens, tels sont les axes de travail que le président souhaite mettre en avant.
Si ce programme est avant tout “solidaire”, il bénéficie également d’une dimension inclusive. Pour le mettre en place, le chef de l’Etat pourra compter sur son nouveau gouvernement. Mais plutôt que de choisir uniquement des candidats issus de son propre parti, Alassane Ouattara a émis le souhait d’intégrer certains membres de l’opposition. Un signe d’apaisement remarqué qui répond à sa volonté de promouvoir la réconciliation nationale.
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