L’avocate congolaise des droits de l’homme Debora Kayembe devient la première rectrice noire de l’Université d’Édimbourg

Avec une histoire qui remonte à plus de quatre siècles, l’Université d’Édimbourg est déjà l’une des plus anciennes d’Écosse et du monde anglophone. Le mois prochain, elle entrera à nouveau dans l’histoire – en nommant une ancienne réfugiée comme en tant que rectrice.
L’élection de l’avocate des droits humains Debora Kayembe, arrivée au Royaume-Uni en provenance de la République démocratique du Congo il y a 16 ans, a été confirmée au début du mois.
Elle assumera ce nouveau rôle, qui la place à la tête du conseil d’administration de l’université, le 1er mars. « C’est quelque chose dans ma vie que je n’aurais jamais imaginé m’arriver », a-t-elle déclaré.
Debora Kayembe est née à Kinshasa et a été élevée par un père médecin. Avocate de formation, elle a rejoint le Barreau congolais en 2000 mais a fui le pays cinq ans plus tard après avoir appris qu’une milice qu’elle avait aidé à dénoncer pour ses activités de trafic d’armes, voulait la tuer.
Elle a obtenu l’asile en Grande-Bretagne et il y a dix ans, et a déménagé en Écosse.
Victime de racisme dans son pays d’adoption
Mais la vie dans son pays d’adoption n’a pas toujours été un refuge. L’année dernière, elle a fait la une des journaux écossais pour sa réponse tolérante face à des attaques racistes dont elle été la cible.
Debora Kayembe se rendait à une réunion lorsque sa voiture a perdu le contrôle et a quitté la route violemment. Lorsqu’elle a inspecté le véhicule, elle a découvert que des clous avaient été enfoncés dans tous ses pneus. « Les fois précédentes, j’étais restée silencieuse », dit-elle. « Parfois, il faut avoir un grand cœur pour laisser passer les choses dans l’intérêt commun, mais ce qui m’est arrivé ce jour-là était inacceptable. »
Quelques mois avant sa nomination, Debora Kayembe s’est retrouvée mêlée à un conflit qu’elle avait initialement voulu éviter. Elle avait déjà été la cible du racisme en Écosse. Mais les abus ont atteint un point culminant en juin de l’année dernière au moment où les manifestations contre le racisme ont éclaté dans le monde entier suite à la mort de George Floyd.
Quelques semaines plus tard, la fille de Debora Kayembe est revenue de l’école à la maison et a pleuré parce qu’un enseignant lui avait demandé de faire une danse d’esclave devant ses camarades de classe.
Après avoir confronté l’école, Debora Kayembe a demandé au Parlement écossais de lutter d’urgence contre le racisme dans l’éducation en Écosse. Le Parlement a accepté la demande et débattra de la question dans les mois à venir.
Un message universel
C’est le message de dialogue et de tolérance de Debora Kayembe qui a attiré l’attention de l’Université d’Édimbourg, qui compte parmi ses anciens, des premiers ministres, des lauréats du prix Nobel ou des olympiens.
« Ils ont dit qu’en tant que recteur de l’université, mon message ira loin et le monde entier écoutera » a-t-elle déclaré. Parmi les anciens recteurs de l’Université d’Édimbourg on compte des personnes qui sont devenues premiers ministres, comme Winston Churchill et Gordon Brown. Ce dernier était encore étudiant lorsqu’il est devenu recteur à l’âge de 21 ans. Debora Kayembe n’est que la troisième femme à obtenir cette position et la première noire.
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