Une Camerounaise invente un larvicide atypique pour lutter contre le paludisme

Une doctorante camerounaise développe un larvicide dont l’originalité réside dans le fait que les plantes et les nanotechnologies n’ont jamais été associées.
Agnès Antoinette Ntoumba est une chercheuse camerounaise qui porte le lourd fardeau du paludisme. Elle est également l’inventeur d’un larvicide atypique développé à partir de plantes pour lutter contre la maladie mortelle sur le continent.
« En Afrique, nous avons l’avantage d’une flore variée et diversifiée. Toutes les plantes ne réagissent pas à ce processus, mais la majorité le font. Celles que nous utilisons sont dans notre environnement quotidien », a-t-elle déclaré.
Les plantes environnantes et les feuilles des arbres, qu’elle garde secrètes, sont les ingrédients qu’elle utilise pour tuer ses larves de moustiques. Mais ce qui rend ce projet spécial, c’est la nanotechnologie. C’est « un atout » car les nanoparticules sont actuellement impliquées dans tous les domaines de la science mais n’ont pas toujours été associées aux plantes, a confié la chercheuse camerounaise.
Utilisé différemment des insecticides, que la chercheuse trouve nocifs pour l’environnement et la santé humaine, ce larvicide est fait pour détruire les larves de moustiques responsables du paludisme.
Stratégie d’extension
En tant que doctorante en sciences, elle a entamé des recherches sur cette solution en travaillant sur le sujet des nanoparticules sous la direction de ses directeurs universitaires. Elle pense que les résultats de son travail ne sont pas « fantaisistes ». Elle les a obtenus en travaillant dans son quartier, en collectant et en triant les larves avec l’aide de ses proches. « L’efficacité de cette solution a été prouvée après plusieurs tests. Notre produit a rapidement tué les larves que nous utilisions. J’ai également poursuivi mes expériences dans mon laboratoire universitaire. Les résultats ont toujours été concluants » a-t-elle indiqué.
Récemment, elle a été répertoriée parmi les 20 jeunes femmes scientifiques en Afrique par l’UNESCO et la Fondation L’Oréal.
Le larvicide s’adresse à tous et sera largement disponible à des prix très bas. Agnès Antoinette Ntoumba souhaite que tous les ménages puissent l’obtenir. « Si chaque foyer l’utilise, il se généralisera parmi les gens et tout le monde pourra en bénéficier. On peut vraiment parler de réduction du paludisme car cela éliminera le nombre de vecteurs », a-t-elle expliqué.
La chercheuse profite de la nature pour créer son produit et pense qu’elle devrait fournir des services à des prix abordables car elle ne paie pas pour la matière première, les plantes. Agnès Antoinette Ntoumba regrette le fait que les gens profitent du paludisme pour gagner de l’argent en créant des produits nocifs alors que le paludisme tue encore beaucoup.
« Les gens meurent de cette maladie. Nous devons donc trouver des solutions. C’est un combat nécessaire », a-t-elle déclaré.
Lutte contre le changement climatique
Mais pour une production à grande échelle, elle doit mobiliser des ressources qui ne sont pas encore disponibles. Jusqu’à présent, elle a utilisé ses propres fonds, ceux du laboratoire universitaire et le soutien de ses proches.
Le prix UNESCO l’accompagne également jusqu’à la fin de sa thèse et elle espère obtenir le soutien d’autres partenaires.
Sur le long terme, son projet vise également à lutter contre le réchauffement climatique en plantant plusieurs arbres. Il créera également des emplois en embauchant des agriculteurs, des vendeurs et davantage de personnel pour la chaîne de fabrication et de distribution.
La jeune camerounaise envisage également de développer davantage sa solution afin qu’elle puisse être utilisée sur les moustiquaires pour repousser les moustiques. Elle n’a pas l’intention de s’arrêter et va « continuer à trouver des solutions contre d’autres insectes également sans nuire à la santé des gens ».
N’ayant jamais espéré une renommée internationale comme c’est le cas à présent, Agnès Antoinette Ntoumba a avoué que son rêve et sa motivation ont toujours été de sortir de son laboratoire avec une solution qui sauve des vies.
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