La chute de la famille dos Santos

Le retrait du président José Eduardo dos Santos a eu beaucoup plus de conséquences que les Angolais ne pouvaient alors l’imaginer en 2017. Le nouveau pouvoir incarné par João Lourenço souhaite faire table rase du passé et n’hésite pas à s’en prendre aux anciens caciques. Les propres enfants du président déchu ne font pas exception, et se retrouvent dans la tourmente judiciaire. Le temps de l’argent facile et dépensé avec faste est révolu. Le message du nouvel exécutif est clair et est d’abord destiné à une population angolaise qui a longtemps espéré des changements.
Ancienne correspondante de RFI et de l’AFP à Luanda, Estelle Maussion vient de faire paraître un livre au titre évocateur : « La dos Santos Company ». Un bon résumé de la mainmise de la famille de l’ancien président sur l’économie d’un pays aux ressources exceptionnelles, mais accaparée pendant quarante décennies par un clan. L’auteure évoque un ex-président discret sur sa relation avec l’argent, mais des enfants beaucoup moins complexés par l’affichage de richesses. A tel point que les Angolais ont été choqués par l’achat d’une montre par l’un des fils Dos Santos pour la somme d’un demi million d’euros.
Affiché avec plus ou moins de faste, le luxe de la famille Dos Santos et leur avidité à contrôler tous les secteurs de l’économie ont finalement eu raison d’eux. La transition avec le nouveau pouvoir aurait pu se passer sans trop de difficultés, mais face à de tels comportements, le nouveau pouvoir ne peut prétendre être totalement aveugle. Il s’est lancé dans une politique anti-corruption qui a déjà fait tomber de nombreux cadres du système dos Santos. Les enfants de l’ancien président ne sont pas épargnés à l’image de José Filomeno Do Santos surnommé « Le Prince », aujourd’hui poursuivit par la justice angolaise.
Propulsé à la tête du plus puissant fonds souverain d’Angola, Filomeno dos Santos aurait détourné grâce à cette activité, 1,5 milliard de dollars. Il est aujourd’hui en prison où il a entamé une grève de la faim depuis plusieurs jours. Le sort de Filomeno est encore incertain tout comme celui de sa sœur, Isabel. L’ancienne dirigeante de la compagnie pétrolière nationale Sonangol vit désormais en Espagne. Elle n’est pas rentrée en Angola depuis plusieurs mois et craint d’être arrêtée par la police. Une page de l’histoire angolaise se tourne et c’est bien la famille au cœur d’une saga déroutante qui pourrait bien en faire les frais.
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