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Quand le président du Sénat burundais dérape complètement

Quand le président du Sénat burundais dérape complètement

Le Burundi est en proie à une crise depuis 2015 qui a fait au moins 1 200 morts et entraîné le déplacement de plus de 400 000 personnes. Largement pointées du doigt, les autorités rejettent catégoriquement toute faute ou atteinte aux droits de l’Homme. Pourtant, le président du Sénat lui-même tient des propos extrêmement lourds de sens devant ses partisans. L’élu s’est félicité d’avoir ordonné et obtenu la mise à mort d’un individu qui représentait, selon lui, un danger pour les populations. Une justice stalinienne qui vient mettre à mal la position du pouvoir.

 

Alors qu’il s’exprimait devant des partisans dans la ville de Marangara, le 11 septembre dernier, Révérien Ndikuriyo, le président du Sénat burundais a tenu des propos extrêmement graves. « Il y avait quelqu’un qui s’appelait Kaburimbo. Il avait un centre de santé où il dispensait des formations militaires. Kaburimbo était un danger (…) Quand j’y suis allé je leur ai dit que j’ai besoin de Kaburimbo, mort ou vivant, et j’ai donné pour cela cinq millions, c’était la compétition pour le chercher ! ». Une mission totalement illégale et en dehors de toute moralité qui vient confirmer les témoignages d’expéditions punitives et de graves manquements de la part des autorités.

 

Ces propos enregistrés à l’insu de son auteur ont fuité et ont un impact très négatif pour le pouvoir en place. Ce dernier a donc choisi de se terrer dans le silence et n’a même pas pris la peine de démentir des propos qui ne laissent aucun doute quant au sort de la malheureuse victime désignée. Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale et autre figure de la majorité s’est contenté de refuser de s’exprimer sur « le président d’une autre institution ». Personne ne souhaite traiter ce sujet très brulant et ce silence assourdissant sonne comme la confirmation que ces propos ne relèvent pas de la simple bravade.

 

L’opposition est choquée, mais absolument pas surprise. Jérémie Minani, président de la coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha (CFOR-Arusha) et opposant en exil en Belgique, rappelle que le président du Sénat n’en est pas à son coup d’essai. « Monsieur Révérien Ndikuriyo a toujours ce genre de langages et il ne se limite pas à ça, il passe aux actes ». L’élu avait déjà fait scandale il y a quatre ans en appelant à « pulvériser les quartiers contestataires ».

Publié le 28 septembre 2019 à 10 h 46 min par Rédaction

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