L’opposition rwandaise frappée par un assassinat politique ?

Alors que le Rwanda connaît une période plutôt intéressante sur le plan économique, le bilan politique est plus contrasté. Le pouvoir est de plus en plus perçu comme autoritaire et l’opposition a du mal à se faire entendre. C’est dans ce contexte politique compliqué qu’un responsable de l’opposition a été tué dans son magasin de Kigali. Syridio Dusabumuremyi était coordinateur national du FDU-Inkingi – un parti non reconnu officiellement qui a perdu récemment plusieurs de ses membres dans des attaques armées. La cheffe du FDU-Inkingi n’hésite pas à affirmer qu’il s’agit d’un assassinat politique.
Ce mardi 24 septembre, le FDU-Inkingi a annoncé le décès de son coordinateur national Syridio Dusabumuremyi. L’homme se trouvait sur son lieu de travail lorsqu’il a été attaqué par deux hommes la veille au soir. Victoire Ingabire, leader du parti a affirmé que la victime avait été poignardée par ses agresseurs. Deux individus ont rapidement été arrêtés par la police et « des enquêtes sont en cours » selon le Bureau d’investigation du Rwanda (RIB). La police a préféré communiquer très vite étant donné les retombées politiques de ce meurtre.
Car pour Victoire Ingabire, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un « assassinat ». Elle ajoute qu’«Après plusieurs assassinats non résolus de membres de notre parti, nous n’avons aucun espoir que son meurtre fasse l’objet d’une enquête approfondie et soit élucidé ». La confiance vis-à-vis de la police et de la justice n’existe plus. Une défiance clairement exprimée qui s’exprime après plusieurs meurtres de figures de l’opposition restées sans réponse ni coupable. Pour la cheffe du FDU-Inkingi, il ne fait aucun doute que le pouvoir « essaye d’intimider les membres de l’opposition ».
Pour rappel, le porte-parole du FDU-Inkingi, Anselm Mutuyimana, avait été victime d’un enlèvement en mars. Son corps avait été retrouvé dans l’ouest du pays. Depuis, aucune avancée sur l’enquête n’a été enregistrée. Le parti n’est pas reconnu de manière officielle, mais il semble bien gêner certains. Victoire Ingabire est quant à elle passé par la case prison de 2010 à 2018 d’où elle n’est sortie que par une grâce présidentielle inattendue. Sa condamnation l’avait empêchée de se présenter à l’élection présidentielle face à Paul Kagamé en 2010.