Teodoro Obiang : 40 années de règne sans partage

Teodoro Obiang et la Guinée équatoriale possèdent un record qu’il sera difficile à faire tomber ailleurs. Le président guinéen fêtera demain ses quarante années à la tête du pays. Un record mondial qui pourrait encore se prolonger un peu et qui doit déboucher sur une passation de pouvoir à son fils Teodorin, actuel Vice-président. Une dynastie qui sent le souffre et qui fait parler d’elle entre répression à l’encontre de l’opposition et déboires avec les justices occidentales pour des biens jugés mal acquis.
L’usure du pouvoir est un concept étranger à Teodoro Obiang. Du haut de ses 77 ans, le président de Guinée équatoriale peut se targuer d’avoir passé plus de la moitié de sa vie au pouvoir. Une fonction arrachée à l’occasion d’un coup d’Etat perpétré le 3 août 1979 contre son propre oncle. Cet épisode est régulièrement rappelé et nommé « coup de liberté ». Il fait partie de la mythologie au service d’un pouvoir qui a gardé le même visage bien que vieilli avec les ans. Demain, des célébrations auront lieu dans tout le pays, mais la plupart des habitants ne sont pas à la fête.
Si l’arrivée au pouvoir (qui s’est traduite par la liquidation de l’oncle Obiang deux mois après le coup d’Etat de 1979) est présentée comme une libération pour le peuple, les quatre dernières décennies n’ont pas apporté leur lot de satisfactions. Pourtant le pays est entré dans une nouvelle ère au début des années 1990 avec la découverte de grandes réserves d’hydrocarbures dans le sous-sol ce territoire à mi-chemin entre terre et mer. L’or noir coule à flots, mais ne profite pas à l’immense majorité de la population. Les pétrodollars ne profitent qu’à la famille Obiang laquelle entreprend des projets pharaoniques et la plupart du temps très éloignés des intérêts vitaux d’une population qui vit majoritairement avec moins d’un dollar par jour.
Cela constitue un crève-cœur dans un pays qui a assez de ressources pour subvenir aux besoins d’une population forte de seulement 1,5 million de personnes. La famille Obiang est aux manettes et c’est le fils Teodorin qui est appelé à succéder à son père lorsque ce dernier aura décidé de passer la main. Un fils qui fait plus parler pour ses goûts de luxe que pour ses qualités de gouvernant. Les justices française, suisse et américaine s’intéressent de près au dauphin Obiang, mais aucune juridiction étrangère n’est en mesure de contrecarrer les plans d’une famille qui règne sans partage sur la Guinée équatoriale.