Tchad : une année sans les réseaux sociaux

Le Tchad fête un bien triste anniversaire. Le 28 mars 2018, les réseaux sociaux étaient censurés par le pouvoir. Un an plus tard, les Tchadiens n’ont toujours pas accès à Facebook, Twitter et consorts. Les effets de cette censure se font ressentir avec une liberté d’expression en berne et une contestation politique qui a beaucoup reculé. Un retour à la normale est toujours espéré, mais les signes positifs sont font cruellement attendre.
Confronté à une crise économique et sociale liée à la baisse des revenus pétroliers, le Tchad fait face à une contestation politique grandissante. Nous sommes alors en 2018, et le pouvoir s’inquiète de voir des meetings politiques de l’opposition de plus en plus nombreux et suivis. C’est pourquoi, le gouvernement a pris la décision drastique de supprimer l’accès aux réseaux sociaux, premier foyer de contestation du pouvoir. Interrogé par l’AFP, Julie Owono, présidente de l’association Internet sans frontières appelle « le gouvernement tchadien à mettre fin à une mesure de censure qui viole le droit à la libre expression » et entrave « les opportunités pour la jeunesse tchadienne ».
Un appel qui risque fort de ne pas être entendu, car le blocage des réseaux sociaux a atteint son but. Les manifestations contre le pouvoir sont plus rares et regroupent surtout moins de monde. L’absence de communication fait mal à l’opposition qui ne dispose d’aucun média traditionnel pour diffuser ses idées. Il est toujours possible d’utiliser un VPN (ce qui est légal au Tchad) pour accéder aux sites censurés, mais le coût est rédhibitoire pour de nombreux Internautes.
Les Tchadiens sont donc privés de réseaux sociaux et ce sont les petites entreprises qui en souffrent le plus. L’argument sécuritaire dont s’est emparé le pouvoir semble bien lâche, car les « terroristes » peuvent se payer le luxe d’échanger sur la toile malgré les restrictions techniques. Longtemps silencieuses au sujet du blocage, les autorités tchadiennes ont fini par avancer l’argument sécuritaire pour défendre leur politique. Une stratégie que refuse toutefois d’endosser la plupart des ministères interrogés sur la question. Pourtant, l’Arcep, l’organisme public chargé des communications électroniques et postales au Tchad, assure que l’ordre de blocage est issu du ministère de l’Intérieur. Malgré plusieurs recours devant les juges, le blocage est toujours là et validé sur le plan juridique. La liberté sur Internet attendra.
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