Libération des jeunes filles emprisonnées pour gribouillages présidentiels

C’est une affaire qui a défrayé la chronique en raison de son absurdité. Trois écolières burundaises ont été mises en prison après avoir été accusées d’avoir gribouillé le visage du président Pierre Nkurunziza sur leurs manuels scolaires. Des accusations où les preuves manquent, mais qui n’ont pas empêché la justice de prendre très au sérieux cette affaire. Après quinze jours de prison, les écolières sont libres, mais leurs ennuis judiciaires ne sont pas terminés pour autant.
On ne joue pas avec l’image du président burundais. Trois jeunes filles âgées de 15, 16 et 17 ans l’ont appris à leurs dépens en étant envoyées en prison sur une simple accusation de gribouillage de la photo présidentielle dans leurs manuels scolaires. Incarcérées à la prison pour mineurs de Ngonzi, elles ont finalement échappé aux cinq années de prison prévues par le Code pénale burundais. Le couperet est passé très proche et c’est le soulagement qui domine dans les déclarations de leur avocat, Me Prosper Nyanzira.
Ce dernier a annoncé que « les trois écolières viennent de bénéficier d’une liberté provisoire accordée par le procureur général près la cour d’appel de Ngozi, (…), elles viennent de quitter la prison pour mineurs où elles étaient détenues et ont été remises à leurs parents (…) C’est une très bonne nouvelle et nous remercions les autorités pour leur indulgence ». Un discours très feutré, très loin des réactions qui ont légitimement fleuri sur les réseaux sociaux.
Personne ne pouvait imaginer une lourde condamnation, mais le pouvoir se montre très susceptible sur ce genre de questions. La libération des écolières n’est que provisoire, et une incarcération est toujours possible. La ministre de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, rappelle la raideur du gouvernement dans cette affaire : « Nous appelons les parents à renforcer l‘éducation de leurs enfants. Nous rappelons aux enfants qu’ils doivent respecter les autorités et que l‘âge de la responsabilité pénale est fixé à 15 ans. La prochaine fois, la justice mettra un terme à ces comportements ». Les écoliers burundais sont prévenus, mais est-il possible d’échapper encore à l’ire d’un pouvoir qui n’accepte plus aucune critique de quiconque ?
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