De la prison pour des gribouillages anti-présidentiels ?

Le Burundi fait une nouvelle fois la Une de l’actualité en raison d’une affaire qui met à mal les autorités. Trois adolescentes sont aujourd’hui incarcérées, car suspectées d’avoir fait des gribouillages dans leur manuel scolaire. Des gribouilles sous forme de lèse-majesté puisque c’est le visage du président Pierre Nkurunziza qui a subi des coups de crayon illégaux au regard de la loi et qui pourraient coûter plusieurs années de prison aux trois infortunées élèves.
Le durcissement du régime burundais est une nouvelle fois mis en exergue avec une actualité aussi surprenante que difficile. Trois élèves âgées de 15, 16 et 17 ans sont accusées d’avoir profanées l’image du président Pierre Nkurunziza. Les faits se sont déroulés au sein d’une école de Kirundo. Dans un premier temps, ce sont sept élèves qui ont été accusées d’avoir gribouillé des photos du président burundais dans cinq manuels de sciences humaines. Finalement, trois d’entre elles ont été incarcérées dans la prison pour mineurs de Ngozi. Le Code pénal burundais prévoit une peine maximale de cinq années de prison et 250 euros d’amende pour une telle « profanation » de l’image présidentielle.
La situation paraît bien démesurée au regard des faits qui sont reprochées à ces jeunes filles qui sont aujourd’hui dans l’attente de leur jugement. Arrêtées le 12 mars sur les ordres du procureur de la République, ces adolescentes sont aujourd’hui le centre d’attention de tout le système politico-judiciaire du pays. Le Fenadeb, une plateforme regroupant une cinquantaine d’associations, souligne une justice prompte à vouloir faire des exemples d’un crime qui ne devrait pas en être un. Une position confirmée par un enseignant qui a déclaré sous anonymat que « Cela faisait trois ans qu’aucun responsable n’avait contrôlé ces livres, ce qui n’a pas empêché le directeur d’incriminer toutes celles qui ont eu ces livres entre leurs mains au cours des dernières semaines (…) les livres passent de main en main et de classe et en classe parce qu’il n’y en a pas assez pour tous les écoliers ».
En 2016, un autre cas similaire avait défrayé la chronique. Des enfants avaient été condamnés à plusieurs années de prison pour ce même délit avant qu’ils ne soient rapidement remis en liberté sous la pression d’une communauté internationale scandalisée. Les trois élèves auront-elles autant de chance ? Avec un Etat burundais qui s’isole, les pressions venues de l’extérieur pourraient ne pas suffire à leur rendre leur liberté.
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Nkurunzinza, prend les Burundais en otage, quand je faisais mes voyages dans ce pays toute la population était forcément demandée d’entrer dans des maisons et fermer les portes et les fenêtres quand ce dernier passe.