Appel et contre appel dans un Gabon divisé

En réponse à l’appel lancé le 26 février par un collectif d’opposants regroupant notamment des intellectuels, le pouvoir a répliqué hier, mercredi 20 mars, avec un « appel à agir » lancé sur la page Facebook du directeur de cabinet du chef de l’Etat. Brice Laccruche Alihanga entend, par cet appel, donner la parole et les moyens d’action aux Gabonais en court-circuitant l’opposition. Une démarche vouée à l’échec ou au succès ?
Le temps semble être à l’action au Gabon pour pouvoir et opposition appellent « à agir » comme pour mieux dénoncer les défauts de l’autre. Le 26 février dernier, un collectif d’opposants a publié un très médiatique « appel à agir » dans lequel l’article 13 de la Constitution doit être mis en œuvre (cas de vacance du pouvoir). Un texte contre le pouvoir qui a débouché sur une réponse directe ce 20 mars avec un autre « appel à agir » lancé cette fois par le propre directeur de cabinet du président Ali Bongo.
Dans cet appel venu des plus hauts sommets de l’Etat, il est expliqué le gouvernement gabonais n’a pas vocation à ne pas remplir sa tâche. Les citoyens ne doivent pas « se substituer à l’État mais, au contraire, de l’épauler dans l’accomplissement de certaines de ses missions de service public ». Un partenariat qui voudrait donc tracer un nouveau contrat social entre les gouvernants et le peuple. Brice Laccruche Alihanga s’adresse « aux Gabonais sans exclusive, notamment les plus jeunes ». Un message qui, lui, n’est pas nouveau, mais qui doit prendre réellement corps sur le terrain.
Ainsi, le directeur de cabinet du président Bongo donne des exemples très concrets de ce que peut être une action en faveur du Gabon : « Curer les canaux, nettoyer les rues, réparer les écoles, les bancs publics dégradés, s’occuper de nos aînés, des plus jeunes (via du soutien scolaire), etc ». Des actions vouées à être médiatisées sur la plateforme « We Are Gabon » afin de devenir des exemples à reproduire partout dans le pays.
Par cette adresse, le pouvoir entend donner voix au chapitre à tous les Gabonais qui désirent s’exprimer par l’exemple et à libérer les énergies. Une manière de mettre à mal une opposition qui dénonce régulièrement un pays où l’initiative individuelle est quelque peu empêchée par l’inertie du pouvoir. Reste à voir si ce second appel sera suivi.