A LA UNE

Paul Biya prête serment dans un Cameroun sous haute tension

Paul Biya prête serment dans un Cameroun sous haute tension

Après 36 années passées au pouvoir, Paul Biya connaît le Cameroun sur le bout des doigts. Une connaissance fine du pays, mais une impossibilité de dire de quoi demain sera fait. Alors qu’il va prêter serment dans quelques heures à Yaoundé, les regards sont fixés sur les régions anglophones du Cameroun où 82 personnes dont 79 élèves ont été enlevées. L’Ouest du pays est sous très haute tension et la prestation de serment est déjà marquée par cette marque sombre qui inquiète les Camerounais qui voient leur pays s’enfoncer dans la guerre.

 

Ce 6 novembre 2018 aurait dû être une fête pour le Cameroun. D’ailleurs, le maire de Yaoundé a demandé aux habitants de se rendre nombreux sur l’itinéraire qui doit conduire Paul Biya à l’Assemblée nationale où il prêtera serment pour la septième fois. Mais si liesse il y aura pour certains, c’est le doute et la peur se sont déjà emparés de nombreuses familles en premier lieu celles des élèves enlevés hier.

 

79 élèves de la Presbyterian Secondary School ont été kidnappés par des hommes armés dans leur établissement de Bamenda. Cette localité est le chef-lieu de la région anglophone du nord-ouest. Une région où les escarmouches entre forces de l’ordre et indépendantistes sont devenues quasi-quotidiennes depuis des mois. Ce sont d’ailleurs des indépendantistes qui sont à l’origine des 79 élèves et de trois accompagnants. Une vidéo obtenue par l’AFP fait état des revendications indépendantistes des ravisseurs.

 

Dans cette vidéo longue de six minutes, une dizaine d’adolescents décline leur identité et affirme avoir été enlevés par des « Amba Boys ». L’homme qui filme la scène assène : « Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l’Ambazonie ». L’affaire est prise évidemment très au sérieux et rappelle l’enlèvement de plusieurs centaines de lycéennes par le mouvement terroriste Boko Haram au Nigeria.

 

Cet enlèvement massif symbolise les problèmes gigantesques qui se dressent aujourd’hui face au pouvoir camerounais. Les régions anglophones sont au bord du chaos et une partie du pays conteste la victoire de Paul Biya. Maurice Kamto appelle toujours ses partisans à résister de façon pacifique contre un pouvoir accusé de « fraudes massives » lors du scrutin présidentiel. A 85 ans, Paul Biya entame un nouveau mandat dans des conditions qui n’ont peut-être jamais été aussi difficiles.

Publié le 6 novembre 2018 à 7 h 37 min par Rédaction

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.