Un député d’opposition accusé d’avoir voulu tuer le président

C’est à une étrange scène à laquelle ont assisté les téléspectateurs burundais branchés sur la télévision d’Etat. Ce 18 octobre, un homme a fait une déclaration fracassante en assurant que le député d’opposition, Pierre-Célestin Ndikumana avait tenté de faire assassiner le président Nkurunziza. Une manœuvre grossière selon le député qui viserait à faire taire l’une des dernières voix qui dénonce les exactions commises au Burundi.
La violence est entrée sur la scène politique burundaise en 2015 pour ne plus la quitter depuis. La crise a fait plus de 1 200 morts et plusieurs personnalités politiques ont été broyées dans les violences et attentats ciblés. Le président Pierre Nkurunziza aurait-il pu faire partie des prochaines victimes ? C’est ce que pense un ancien domestique du député Pierre-Célestin Ndikumana qui affirme avoir été chargé par son ex-patron de liquider le président de la République.
Ces graves accusations ont été tenues à la télévision d’Etat ce jeudi soir. Malgré la teneur des propos, l’homme semblait plutôt détendu. Il a expliqué que le député d’opposition avait planifié l’assassinat du président de la République ainsi que ceux de son Vice-président Gaston Sindimwo, son deuxième Vice-président Joseph Butore et du président de l’Assemblée nationale Pascal Nyabenda. Une entreprise criminelle extrêmement compliquée à réaliser par un simple domestique aidé, selon ses dires, de deux amis.
Le député incriminé a rapidement réagi à ces accusations et évoque « un montage grossier qui vise à (l’) intimider et à (le) faire taire (…)Ce qui est triste, c’est de voir que la police nationale y est associée (…) C’est une insulte à mon intelligence que de dire que je voulais faire un coup d’Etat et décapiter les institutions avec trois domestiques de maison ». On ne peut, en effet, que s’interroger sur le recrutement d’une telle équipe pour mettre fin à la vie des quatre plus hauts personnages de l’Etat burundais.
Le porte-parole du ministère de la Sécurité publique a confirmé les propos tenus par l’ancien domestique et il est désormais à craindre que l’impunité parlementaire de Pierre-Célestin Ndikumana soit levée rapidement. Il est l’un des rares députés d’opposition à siéger et à dénoncer régulièrement l’évolution inquiétante du régime. C’est bien l’opposition interne qui est visée selon Ndikumana.
Read also
- Le Burundi se désolidarise de l’ONU estimant avoir atteint une situation de paix suffisante
- Les violations des droits de l’Homme persistent au Burundi
- Le Burundi entame une période de deuil officiel suite au décès de son président
- Le Burundi lance la campagne présidentielle malgré les craintes face au coronavirus
- Le parti au pouvoir au Burundi choisit un candidat à l’élection présidentielle de mai