Khalifa Haftar au Tchad pour une réunion secrète

Le secret n’a pas été entièrement gardé, car l’information selon laquelle le général libyen Khalifa Haftar est au Tchad a fuité. L’homme fort de l’Est de la Libye a rencontré le président de la République du Tchad. Une réunion dont aucun propos n’est sorti du palais présidentiel, mais dont la seule tenue est lourde de sous-entendus. C’est la seconde fois en deux mois que ces deux hommes se rencontrent. Une réunion à laquelle auraient participé d’autres personnalités notamment issues du régime égyptien.
Ce qui se trame à N’Ndjamena, capitale du Tchad, est au moins aussi difficile à savoir que ce qui se joue à l’extrême nord du pays. En effet, voisin d’une Libye plongée en plein chaos, le Tchad semble miser sur le général Haftar afin de rétablie la situation sur le terrain. Des groupes rebelles tchadiens sont présents dans le sud de la Libye, point duquel ils partent pour des expéditions meurtrières dans le nord du Tchad. Le président Idriss Déby Itno compte sur son allié libyen pour éradiquer une menace qui ne cesse de peser sur son pays.
Aucun élément n’a fuité quant à la teneur des échanges, mais en recevant deux fois en deux mois le général Haftar, le président Déby montre que l’alliance conclue est solide et doit profiter aux deux pays. Khalifa Haftar est par ailleurs soutenu par l’Egypte dont un représentant aurait participé à la réunion selon les quelques indiscrétions parvenues jusqu’à la presse. S’il n’est pas certain que les trois hommes se soient tous retrouvés dans la même pièce au même moment, il semble qu’une stratégie régionale se mette en place pour que le général Haftar puisse accroitre sa zone d’influence.
Haftar ne répond plus au gouvernement central basé à Tripoli et soutenu par la communauté internationale. Hospitalisé en avril 2018 à Paris, il est l’objet de deux plaintes portées en France. Le général Haftar est bien l’homme fort de l’Est de la Libye, mais son pouvoir demeure encore incertain comme l’ont illustré les querelles en vue d’une possible succession. Faire le pari de Haftar se conçoit aisément du point de vue de N’Ndjamena, mais gare aux désillusions. La Libye est un désert pour nombre de dirigeants qui avaient des plans magnifiques en tête.
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