Le Burundi accuse la Belgique d’un (vieil) assassinat politique

Le contentieux entre le Burundi et la Belgique prend un nouveau tournant avec des accusations venues de Bujumbura à l’encontre de son ancienne puissance coloniale. Les autorités burundaises ont accusé la Belgique – pour la première fois – ce dimanche d’avoir commandité l’assassinat du prince Louis Rwagasore, figure de l’indépendance. Un assassinat qui a eu lieu en 1961 quelques mois à peine avant l’indépendance du Burundi.
Que se cache-t-il réellement derrière l’assassinat de Louis Rwagasore, membre de la famille royale du Burundi et Premier ministre du pays pendant seulement deux semaines ? Alors qu’il dinait dans un restaurant le 13 octobre 1961, le prince héritier fut transpercé d’une balle tirée par un commerçant grec. Ce dernier fut arrêté puis exécuté, mais une part d’ombre plane depuis sur cet épisode marquant de la difficile prise d’indépendance burundaise.
Dans un communiqué publié ce dimanche 14 octobre, le porte-parole du gouvernement burundais sonne la charge. « Le véritable commanditaire (de l’assassinat de Louis Rwagasore) qu’est le Royaume de Belgique, puissance coloniale de l’époque qui était farouchement opposée à l’indépendance immédiate du Burundi, n’a pas encore rendu de comptes ». C’est la première fois qu’une telle accusation est portée par un officiel burundais. Elle vient consacrer des tensions exécrables entre les deux pays desquelles ressurgissent des épisodes historiques douloureux.
Le gouvernement burundais « envisage de mettre sur pied une commission technique ad hoc pour enquêter sur les assassinats (… ) de Rwagasore et des siens ». Deux enfants en bas âge de Louis Rwagasore sont décédés quelques mois après la disparition de leur père. Le Burundi estime donc que la Belgique s’est salie (en vain) les mains en faisant assassiner le père de l’indépendance burundaise. Ce n’est qu’après sa mort, le 1er juillet 1962, que le pays acquiert enfin l’indépendance.
Autre accusation plus en phase avec la période actuelle de troubles, le gouvernement accuse aussi la Belgique d’avoir « une part de responsabilité dans les différentes crises politico-ethniques qui ont endeuillé le Burundi depuis son indépendance ». Une manière de reporter une part de la responsabilité du pouvoir dans la crise qui a engendré plus de 1 200 morts et le déplacement de plus de 400 000 personnes depuis 2015.
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