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Francophonie : une élection qui fait grand bruit

Francophonie : une élection qui fait grand bruit

L’élection de Louise Mushikiwabo au poste de Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie a suscité de nombreuses réactions. Jusque-là ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo est contestée en raison d’une politique pro-anglophone portée par un Rwanda également accusé de violer régulièrement les droits de l’Homme. Le président français, Emmanuel Macron n’est pas non plus exempt de critiques.

 

Il faudra beaucoup de diplomatie à Louise Mushikiwabo pour s’imposer pleinement à la tête de la Francophonie. Elue ce vendredi, il lui reste beaucoup à faire pour être acceptée et ne pas connaître un mandat aussi compliqué que celui de son prédécesseur, Michaëlle Jean. L’élue de 57 ans a au moins le bon bagage professionnel pour y parvenir puisqu’elle est diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères depuis 2009. Elle prendra la tête de l’OIF à compter du 1er janvier 2019.

 

Si la tâche s’annonce si difficile, c’est en raison des critiques que sa candidature a soulevé. Proche du président Kagame, Mushikiwabo a vu sa candidature annoncée par le chef de l’Etat… en anglais. Un comble pour prendre la tête de la Francophonie surtout que le Rwanda a clairement exprimé sa nouvelle préférence pour l’anglais. La langue de Shakespeare est devenue obligatoire dans les écoles au détriment du français. Le pays a même rejoint le Commonwealth, c’est-à-dire l’organisation anglophone en concurrence avec l’OIF.

 

Outre cette politique peu amène vis-à-vis de la langue française, le Rwanda se distingue régulièrement par ses entorses contre le respect des droits de l’Homme. Un principe qui est au cœur de l’OIF, mais dont semble se désintéresser de plus en plus ses moteurs puisque même l’Arabie Saoudite (un pays qui n’est pas et n’a jamais été par ailleurs francophone) a fait acte de candidature.

 

Autant dire que le Sommet d’Erevan a fait couler beaucoup d’encre et que les critiques ont touché le Rwanda et son principal soutien… la France ! Malgré les handicaps cités précédemment, Mushikiwabo a reçu le soutien appuyé du président français Emmanuel Macron. Une campagne qui n’a pas été du goût de nombreux pays africains et qui est perçue comme une tentative maladroite de se rapprocher de Kigali. La France et le Rwanda traversent une longue période de désamour et le président français semble vouloir éviter les sujets qui fâchent afin de faire de Kigali un allié.

 

C’est une politique à haut risque qui vaut déjà à Emmanuel Macron de vifs reproches au sein de la classe politique française. La balle est désormais dans le camp de Louise Mushikiwabo. Elle devra l’utiliser avec maîtrise pour ne pas voir s’effondrer un outil peu commun de soft power.

Publié le 13 octobre 2018 à 10 h 12 min par Rédaction

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