Démonstration de force des oppositions congolaises

L’élection présidentielle qui aura lieu le 23 décembre en République Démocratique du Congo doit être le moyen de transformer radicalement le système politique. Telle est la mission que s’est octroyée l’opposition. Une opposition éclatée qui a toutefois réussi à s’unir samedi dernier en regroupant trois candidats déclarés et des milliers de sympathisants venus exprimer leur raz-le-bol et leur volonté de changement.
Combien étaient-ils ce samedi 29 septembre à entonner des slogans contre le pouvoir ? Des milliers assurément grâce à la mobilisation de plusieurs figures de l’opposition. Malgré le renoncement de Joseph Kabila à briguer un nouveau mandat (en accord avec la Constitution), les partis d’opposition redoutent une manipulation massive en faveur de son dauphin. C’est Emmanuel Ramazani Shadary, ancien ministre de l’Intérieur de Kabila à qui revient la tâche de triompher dans les urnes, mais ce succès possible, voire probable est d’ores et déjà suspect aux yeux de l’opposition.
En effet, selon les manifestants qui se sont réunis non loin de l’Assemblée nationale, le pays est confronté à des listes électorales pour le moins curieuses. Des millions d’inscrits n’auraient pas leurs empreintes digitales répertoriées. Il s’agirait là d’une plaie béante dans le système qui permet en théorie de vastes manipulations. Unies face à un système, un ennemi unique, les oppositions ont donné de la voix avec notamment Félix Tshisekedi. Vital Kamerhe et Martin Fayulu étaient également au rendez-vous.
Seules les figures importantes que sont Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba n’étaient pas présentes pour les raisons que l’ont connaît. Les deux hommes politiques ont toutefois apporté leur soutien à distance. Ainsi, s’il n’est pas (encore ?) l’heure pour l’opposition de s’engager derrière un unique candidat, cette manifestation constitue un message fort. Les oppositions savent parler d’une même voix et ainsi faire peut-être trembler un système qui n’envisage pas une défaite dans les urnes.
Il est à noter que cette manifestation était autorisée et met fin à une longue période de limitation des libertés politiques. Le pouvoir se montre plus souple, mais le vent de l’opposition pourra-t-il continuer de souffler si le doute s’empare des décideurs actuels ? L’invalidation de plusieurs candidatures illustre les difficultés du pouvoir à jouer à fond le jeu de la démocratie. Rien n’est certain et chacun compte ses troupes en vue de l’affrontement électoral qui s’annonce déterminant pour l’avenir du pays.