Paris ne croit pas en une paix russe en Centrafrique

Volonté de préserver sa chasse-gardée ou réelle suspicion vis-à-vis de l’intérêt d’une initiative russe pour la paix ? Quoi qu’il en soit, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a fait comprendre qu’il ne voyait pas d’un bon œil la présence toujours plus forte de la Russie en Centrafrique. Des militaires russes sont présents sur le terrain tandis que les diplomates moscovites tentent de s’imposer comme des interlocuteurs incontournables pour parvenir à la paix.

« L’initiative de paix portée par l’Union africaine pose le seul cadre crédible et approuvé par l’ensemble de la communauté internationale à une sortie de crise durable ». Ces propos signés de Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, ferment ainsi la porte à toute initiative russe en Centrafrique. La paix ne sera possible qu’avec « le désarmement des groupes armés et la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire » a conclu le chef de la diplomatie française.

L’initiative russe de paix ne passe pas bien à Paris. « Il n’y a aucune alternative, ni souhaitable, ni susceptible de réussi » a martelé Le Drian en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. La rencontre organisée à Khartoum en août dernier par la Russie est considérée comme malvenue et les Russes sont invités à ne plus prendre part à un processus déjà très complexe sur le terrain.

La position française est ferme, mais cela n’empêche pas Moscou de renforcer ses liens avec le pouvoir centrafricain depuis plusieurs mois. Près de 200 militaires russes sont sur le terrain tandis qu’un nombre indéterminé de mercenaires a déjà fait la Une de la presse à plusieurs reprises. La Russie a même réussi à exporter des armes vers la Centrafrique en accord avec l’ONU qui a levé à cette occasion l’embargo qui pèse sur le pays. La Russie sera-t-elle un facilitateur ou un élément qui va complexifier la difficile équation centrafricaine ?