Crise anglophone : les autorités interdisent « l’exode massif »

A trois semaines du scrutin présidentiel, les régions anglophones connaissent un phénomène nouveau. L’exode de familles entières désireuses de fuir les combats entre l’armée camerounaise et les séparatistes. Le phénomène prend une telle ampleur que les autorités ont fait savoir qu’elles interdisaient tout « exode massif ». Une interdiction qui risque de ne pas enrayer les départs sur fond de combats toujours plus nombreux et meurtriers.
L’atmosphère est lourde dans les deux régions anglophones du Cameroun. Les escarmouches entre forces de l’ordre et indépendantistes armés sont de plus en plus violentes et régulières. Prise entre deux feux, les populations jugent plus sûr de quitter un temps ces lieux qui deviennent une poudrière à mesure qu’approche l’élection présidentielle. Le scrutin aura lieu le 7 octobre prochain et nul ne peut affirmer que de véritables élections démocratiques pourront se tenir dans l’ouest du pays.
Les indépendantistes ont fait savoir que le scrutin n’aurait pas lieu dans la mesure où ils ne reconnaissent plus la légitimité du pouvoir central. Les civils, eux, ne souhaitent pas risquer leur vie et sont de plus en plus nombreux à prendre la route pour échapper à la violence. Des départs de plus en plus massifs qui inquiètent les autorités. Ces dernières ont décidé d’interdire tout « exode massif ». Les habitants peuvent librement se déplacer, mais n’ont pas le droit de fuir en famille avec le plus de bagages possibles.
Yaoundé souhaite éviter une déstabilisation via un exode massif, mais il est difficile et amorale d’interdire le départ d’habitants qui se sentent légitimement menacés. Plusieurs écoles ont été prises pour cible par les séparatistes. Cela alimente l’idée qu’une vie normale n’est plus possible dans les régions anglophones camerounaises. La situation se détériore chaque jour et c’est l’avenir de tout un pays qui se joue actuellement.
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