Kabila s’exprime devant le Parlement mais entretient le flou

Attendu avec une certaine impatience et appréhension, le discours du président Joseph Kabila devant les parlementaires laisse un goût d’inachevé. Si le chef d’Etat congolais assure que la Constitution sera respectée, il n’a pas fait savoir s’il allait se porter candidat à sa propre succession. Une éventualité dans tous les esprits en RDC, car beaucoup s’attendent à voir le président continuer à diriger le pays après dix-sept années au pouvoir.
La République démocratique du Congo vit des jours inhabituels. À une semaine du début du dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle, aucun signe ne montre l’intention du président à briguer un nouveau mandat. L’opposition appelle à l’alternance, mais a, sans surprise, été déçue par le discours présidentiel tenu hier devant le Parlement. Joseph Kabila n’a rien dit quant à son avenir personnel. Il a juste précisé son « engagement à respecter la Constitution ». Une Constitution qui l’empêche de briguer un troisième mandat…
A lire entre les lignes du discours, Joseph Kabila rendra les clés du Palais présidentiel à l’issue de l’élection du 23 décembre 2018. Or, cela ne serait pas la première fois pour un pays d’Afrique centrale que la Constitution soit interprétée et remaniée en fonction des desiderata du pouvoir. L’opposition assure que le président est « déconnecté des aspirations du peuple » et craint une candidature qui débouchera sur un nouveau mandat pour l’homme fort de RDC.
Si Joseph Kabila entretient le flou, il a toutefois été très direct dans la défense de son bilan. Un message en partie dirigé vers une communauté internationale de plus en plus critique à son endroit. Sans citer personne, le président a décoché quelques flèches : « Aujourd’hui, notre modèle démocratique a fait ses preuves et ceux qui tentaient de s’improviser en donneurs de leçon l’on bien compris: la République démocratique du Congo, n’ayant jamais donné de leçon à personne, (elle) n’est pas disposée d’en recevoir dans ce domaine. Et surtout pas de la part de ceux qui ont assassiné la démocratie dans ce pays et ailleurs ».
Les performances économiques du pays ont par ailleurs été soulignées par le président. Le bilan en la matière est jugé largement positif grâce aux réformes impulsées par l’exécutif même si Kabila reconnaît que « les conditions sociales demeures préoccupantes, particulièrement en milieux ruraux et semi-urbains ». Le président s’attribue donc un satisfecit et se laisse donc encore un peu de temps avant d’évoquer son avenir personnel. Un avenir qui se conjuguera peut-être encore une fois avec celui du pays malgré les nombreux obstacles juridiques, démocratiques, politiques et sociaux qui se dresseraient contre une éventuelle candidature.
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