Referendum constitutionnel : le pouvoir gagne son pari

Le referendum constitutionnel n’aura accouché d’aucune surprise au Burundi. Les résultats officiels font état d’une majorité à 73 % en faveur du oui. Un scrutin qui vient donc renforcer les pouvoirs d’un président Nkurunziza très contesté à l’intérieur même du Burundi et à l’étranger.
Le pari présidentiel vient donc d’être remporté. Contesté vivement depuis 2015 et sa volonté de briguer un troisième mandat, Pierre Nkurunziza a fait rédiger une nouvelle Constitution afin de donner des habits démocratiques à un pouvoir de plus en plus autoritaire et désormais pratiquement inamovible. Avec la nouvelle Constitution, le président Nkurunziza peut briguer la présidence jusqu’en 2034. En théorie, cela constituerait un règle de 30 ans pour celui qui dirige le Burundi depuis 2005 et qui n’a seulement que 54 ans.
Selon les résultats provisoires annoncés ce lundi par la Commission Nationale Electorale Indépendante (Ceni), le oui a recueilli 73,2 % des suffrages. Il ne manque que les résultats de la diaspora qui ne compte que pour 0,27% du corps électoral. Autrement dit, le oui est certain d’arriver en tête avec une très confortable avance. La participation serait de 96,4 % toujours selon le président de la Ceni, Pierre-Claver Ndayicariye.
L’opposition a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne reconnaîtrait pas le résultat d’un scrutin qui s’est déroulé dans une atmosphère extrêmement lourde et sans véritable contrôle de la part d’observateurs indépendants. La campagne référendaire officielle n’a été longue que de quelques semaines et l’intitulé de la question n’était même pas connu jusqu’à récemment.
Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD risque donc de monopoliser la vie démocratique et de criminaliser toutes les tentatives de l’opposition pour se faire entendre. Depuis le début du conflit en avril 2015, le Burundi a enregistré la mort de plus de 1 200 personnes et le déplacement de 400 000 autres. Le Burundi est en crise et ce referendum ne semble pas devoir être le remède qu’il lui faut.
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