Fête nationale sous haute tension au Cameroun

La célébration du 46e anniversaire de l’indépendance camerounaise n’aura pas permis de calmer les passions. Une dizaine de morts a été recensé après des affrontements entre des groupes séparatistes et l’armée. Critiquées par ses alliés, les autorités camerounaises sont publiquement tancées par les Etats-Unis en raison de la gestion politique et sociale de la crise.
La fête nationale était placée sous le sceau de l’unité nationale. Un mot d’ordre qui n’a pas été entendu par tous puisque des affrontements meurtriers ont eu lieu à Belo et à Batibo. Selon une source de l’armée, ces deux accrochages ont fait 10 morts parmi les assaillants et deux au sein de l’armée camerounaise. Par ailleurs, le maire de Banguem et son adjoint ont été enlevés.
La violence n’a donc pas épargné le Cameroun en ce jour de fête et les autorités et plus particulièrement Paul Biya voient leurs alliés traditionnels se montrer de plus en plus critiques. La salve est venue de l’ambassade américaine au Cameroun. L’ambassadeur Peter Henry Barlerin a invité le président Biya, dans un communiqué rendu public, à « penser à son héritage et à faire comme Nelson Mandela et George Washington ». Une manière de dire en langage diplomatique qu’il est temps de laisser la place après 36 ans de règne sans partage.
Ce langage rarement utilisé en public est encore plus sévère dans la suite du message. Paul Biya est prié de « réfléchir à son héritage et à comment il souhaite que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire ». Cette prise de position américaine devrait faire plaisir à l’opposition notamment anglophone, mais a suscité l’ire du pouvoir. Le ministre de la Communication a assuré à la radio que le président « entrera dans l’histoire par la grande porte, parce qu’il est conscient de sa responsabilité ». Il a aussi rappelé que le Cameroun était un Etat « souverain » qui n’avait pas à subir d’ingérence américaine.
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