Le pouvoir burundais met les radios KO

La liberté de la presse vient de prendre un nouveau coup au Burundi. Deux radios internationales encore diffusées dans le pays – BBC et Voice of America – viennent d’être suspendues pour une durée de six mois. Accusées de ne pas respecter le cahier des charges signé avec le Gouvernement, ces radios qui émettent certains programmes en kirundi n’auront pas la possibilité de suivre l’étrange campagne référendaire.
Alors que la campagne relative au referendum constitutionnel s’est ouvert il y a quatre jours, le Conseil national de communication a pris hier une série de sanctions contre plusieurs médias. Les deux principales cibles sont de taille puisqu’il s’agit de la BBC et de Voice of America (VOA). Deux radios implantées dans le pays depuis des années et qui ont toujours donné la parole à l’opposition. Même lors de la guerre civile, elles ont continué à émettre, mais le Burundi actuel passe outre la liberté d’expression et vient de déclarer une suspension de diffusion pour une période de six mois à compter de ce 7 mai 2018.
La BBC est accusée de remettre en cause la « cohésion nationale » avec notamment des propos d’individus invérifiés et qui inciteraient à la haine. VOA est quant à elle coupable d’avoir relayé les propos de radio Bonesha FM, interdite depuis plusieurs années. Son directeur, Patrick Nduwima, est poursuivi par la justice burundaise, et VOA n’a pas eu peur de le recruter malgré les pressions du pouvoir.
La radio française RFI est aussi dans l’œil du cyclone avec une mise en garde pour deux programmes diffusés les 21 et 25 avril derniers. La pression sur les médias est de plus en plus forte et toutes les informations disponibles dans le pays sont verrouillées.
Interrogé par RFI, Arnaud Froger, responsable Afrique de Reporters sans frontières, explique qu’il s’agit d’une « décision qui porte gravement atteinte à la liberté de la presse, qui est déjà extrêmement réduite dans le pays depuis la tentative de coup d’Etat en 2015 […] Les autorités ont du coup, de fait, choisi d’entrer en campagne en privant les Burundais d’une grande partie des informations libres et indépendantes qui étaient encore produites ».
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