Un guide suprême éternel pour le Burundi

Le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, vient de d’introniser Pierre Nkurunziza au poste de « guide suprême éternel » du parti. Président contesté depuis sa candidature à un troisième mandat en 2015, le chef de l’Etat burundais marque ainsi sa volonté de continuer à diriger un pays où la contestation est violemment réprimée. Les critiques sur les réseaux sociaux n’ont pas été tendres depuis cette annonce du CNDD-FDD.

En prise avec de graves violences qui ont fait plus de 1 200 morts et provoqué le départ de plus de 400 000 personnes, le Burundi vient de se trouver un « guide suprême éternel ». Plus exactement, c’est le parti au pouvoir qui vient de se choisir un « guide suprême éternel » en la personne du président Pierre Nkurunziza. Cette annonce surprenante a été justifiée par le numéro 2 du CNDD-FDD, le général Evariste Ndayishimiye : « C’est notre aîné, c’est notre père, notre conseiller, personne ne peut se comparer à lui au sein du CNDD-FDD ».

Un autre cadre du parti a déclaré sous couvert d’anonymat a affirmé qu’ « il ne s’agit pas d’une dérive à la Kim Il Sung comme en Corée du Nord, comme nos détracteurs veulent le faire croire. Mais notre parti a décidé de donner une place spéciale à son excellence Pierre Nkurunziza en lui accordant la place de notre principal conseiller et guide pour toujours ».

Des justifications balayées par une opposition qui dénonce depuis plusieurs années déjà un dangereux et grandissant culte de la personnalité. Les moqueries sur les réseaux sociaux se sont multipliées à l’image des comparaisons avec « l’empereur Bokassa ». Cette intronisation n’est en effet pas sans rappeler les pires manifestations du culte de la personnalité que le continent africain a pu connaître. Quoi qu’il en soit, cette décision ne devrait pas aider à un apaisement de la situation dans ce pays déjà fort meurtri.