Opération tintamarre au Tchad

Plusieurs villes tchadiennes se sont réveillées au son des casseroles ce matin. Des manifestants – la plupart des étudiants – sont descendus dans la rue afin de protester contre les mesures d’austérité mises en place par le gouvernement. Le Tchad est en pleine crise économico-sociale et les arrestations qui ont eu lieu ce matin ne devraient pas aider à garder un calme bien précaire dans le pays.
N’Djamena et plusieurs grandes villes comme Koumra et Sarh ont connu un réveil atypique ce matin. Des dizaines de manifestants se sont réunis avec casseroles et sifflets pour participer à l’opération tintamarre. Ce concert inhabituel a commencé vers 5h du matin et s’est achevé deux heures plus tard. Il s’agit d’une initiative de l’Union nationale des étudiants du Tchad désireux de se faire attendre d’un Gouvernement qui a réduit drastiquement les budgets consacrés à l’enseignement. Les manifestants réclament la réouverture des universités et écoles fermées depuis le 29 janvier.
Cette opération plutôt bon enfant a toutefois connu des éruptions de violence avec des manifestations plus dures où des incendies provoqués par des pneus immolés. Des bombes lacrymogènes auraient été utilisées par les forces de l’ordre et plusieurs dizaines de manifestants interpellés. Les employés d’une radio locale auraient également été pris à partie par la police. Si les débordements ont été condamnés par l’Union nationale des étudiants du Tchad, le mot d’ordre n’a pas changé.
La population tchadienne subit de plein fouet les effets de la crise économique et dénonce de plus en plus ouvertement la manière dont est gouverné le pays. Les élites, elles, ne souffriraient pas de la crise alors que les fonctionnaires sont de plus en plus rarement payés et qu’un nombre croissant de services publics (comme les écoles) sont dans l’obligation de fermer faute de budget. Le Tchad reste dans l’impasse et une remontée des cours du pétrole ne suffira pas à sortir d’une crise profonde.
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