Sommet UA-UE : l’Afrique et l’Europe ont rendez-vous à Abidjan

Ce 29 et 30 novembre prochain, Abidjan reçoit la fine fleur de la diplomatie européenne et africaine pour le Sommet Union africaine-Union européenne. Depuis plusieurs mois, la métropole ivoirienne s’active pour préparer un rendez-vous à la mesure des enjeux stratégiques qui se trament.
Moins de quatre ans après la dernière édition à Bruxelles en avril 2014, le 5e Sommet entre dirigeants africains et européens recèle déjà une importante nouveauté dans son intitulé. Pour la première fois, le nom de la manifestation fait référence à l’Union africaine (UA) et non à l’Afrique, changement en apparence symbolique, mais qui soulève un des enjeux réels de cette réunion entre les chefs d’État des deux continents. Depuis le retour du Maroc au sein de l’organisation africaine le 30 janvier 2017, la tension est à son comble avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD), membre elle aussi de l’UA depuis 35 ans, mais non reconnue par les instances internationales en tant qu’État. Or, la nouvelle appellation du Sommet UA-UE autorise logiquement la participation de tous les membres de l’Union africaine, y compris de la RASD, territoire que le Maroc revendique depuis de nombreuses années. La présence de l’entité dirigée par Brahim Ghali, également chef du front nationaliste Polisario, divise les gouvernements africains et pourrait exacerber les conflits existants entre les soutiens du Maroc et ceux de la RASD, notamment l’Algérie et l’Afrique du Sud.
Au-delà du contexte géopolitique africain, ce Sommet UA-UE constitue un événement majeur pour les deux continents. Dans une tribune publiée en avril 2016, Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, rappelait les nombreux thèmes prioritaires qui devront y être abordés, comme la sécurité, l’environnement, le respect des droits de l’Homme et le développement socio-économique. À ce titre, les deux continents possèdent d’importants intérêts communs : depuis 10 ans, les échanges commerciaux ont augmenté de 50 %, faisant de l’Europe le principal partenaire de l’Afrique avec plus de 200 milliards d’euros d’investissements par an, soulignait l’élu européen. Pour Emmanuel Macron aussi, ce Sommet UA-UE revêt un enjeu particulièrement crucial.
Abidjan : une confiance renouvelée pour l’organisation de grands événements
Déterminé à replacer la France et l’Europe au centre de l’échiquier international, le président français veut voir dans ce rendez-vous une « étape décisive de la nouvelle politique africaine de la France », selon un article de Mondafrique. « Ce que le président a en tête, c’est un nouveau départ entre les deux organisations », affirme son entourage. En affichant sa volonté de coopération avec l’Union africaine pour la résolution de conflits et la négociation de traités internationaux, le chef de l’État français, chantre du multilatéralisme mondial, entend ainsi envoyer un message fort à l’administration américaine et au président Donald Trump, défenseur d’un unilatéralisme absolu. « C’est en Afrique que se joue l’avenir du monde, avait déclaré Emmanuel Macron le 29 août dernier lors d’un discours à l’Élysée pour présenter les grands axes de la politique étrangère de la France. […] Les pays d’Afrique seront nos grands partenaires. »
Avec plus de 60 dirigeants africains et européens attendus pour un total de 90 délégations représentées, ce 5e Sommet UA-UE nécessitait le choix d’un site à la hauteur en matière d’infrastructures, d’attractivité et surtout de sécurité. La confiance accordée par les deux institutions continentales à la ville-hôte d’Abidjan n’a surpris personne, tant la capitale économique de la Côte d’Ivoire réunit les conditions nécessaires à l’organisation d’un tel rendez-vous. Ces dernières années, l’accueil de nombreux événements internationaux, comme les VIIIe Jeux de la Francophonie en juillet 2017, a fait de la métropole aux cinq millions d’habitants un véritable carrefour culturel d’Afrique de l’Ouest. Afin de se montrer fidèle à sa réputation, Abidjan vit donc depuis plusieurs mois au rythme des préparatifs. D’importants travaux de rénovation et d’embellissement ont notamment été réalisés en centre-ville, dans la baie de Cocody et à Grand-Bassam pour un montant total de près de 46 milliards de FCFA (70 millions d’euros). L’aéroport international de Yamoussoukro, capitale administrative du pays, a également subi des travaux d’aménagement afin d’être parfaitement opérationnel fin novembre. Seul en Afrique avec celui de Douala (Cameroun) à avoir une piste de 3 000 m de long, il dispose d’un parking pouvant recevoir jusqu’à 10 gros-porteurs et jusqu’à 17 avions de petite et moyenne envergure. Un autre argument de taille pour soigner la première et la dernière impression que les prestigieux participants garderont de la Côte d’Ivoire…