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Burundi : le tambour de la discorde

Burundi : le tambour de la discorde

C’est un décret présidentiel qui sème le trouble au Burundi. Signé le 20 octobre dernier, il prévoit le strict contrôle de l’utilisation du tambour. Cet instrument de musique intimement lié à la tradition et à l’histoire du pays s’est démocratisé depuis une vingtaine d’années. Le pouvoir entend lui redonner son caractère quasi-sacré et son utilisation ne pourra se faire que lors de cérémonies officielles après accord du ministère de la Culture. Les femmes, elles, ont interdiction formelle de jouer du tambour.

 

Alors que le pays est dans le chaos et cherche péniblement une sortie de crise, le président de la République a signé un bien curieux décret qui limite drastiquement l’utilisation du tambour. Cet instrument, symbole de la monarchie sacrée jusqu’à la fondation de la République en 1966 a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2014 par l’Unesco. Un patrimoine dont ne peut plus jouir nombre de Burundais qui voient des restrictions si strictes qu’ils ne pourront plus jouer de leur instrument favori.

 

Les premières concernées sont les femmes qui dès le préambule du texte peuvent lire « il est strictement interdit aux personnes de sexe féminin de battre le tambour; elles peuvent néanmoins exécuter les danses folkloriques féminines en accompagnement au jeu du tambour ». Les autres Burundais qui auraient l’idée d’en jouer sont aussi mis sur la touche puisqu’ils ne pourront le faire qu’à l’occasion de cérémonies officielles et avec l’approbation express du ministre de la Culture. Tout contrevenant s’expose à une amende salée de 500 000 Fbu (soit 245 euros). Enfin, ceux qui auraient l’audace de réaliser des performances à l’étranger seront assujettis à une amende journalière.

 

Ces nouvelles dispositions sont plutôt mal reçues dans un pays déjà en froid avec le pouvoir central. Pacifique Nininahazwe, un leader de la société civile en exil déplore un accaparement du tambour burundais par le gouvernement.

Publié le 3 novembre 2017 à 14 h 44 min par Rédaction

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