Kabila maître du temps ?

Peu bavard dans la presse internationale, Joseph Kabila, président contesté de République démocratique du Congo s’est laissé aller à quelques confidences auprès du journal allemand Der Spiegel. Ce premier entretien avec un journal étranger depuis cinq ans a été particulièrement suivi à l’international, mais aussi par l’opposition congolaise. Aucune date n’est donnée quant à la tenue des prochaines élections et nul ne peut dire quand elles auront lieu malgré l’accord signé entre la majorité et l’opposition le 31 décembre 2016.
Le temps et l’information. Ce sont deux magistères qui permettent d’acquérir et de conserver le pouvoir. Le président Kabila joue avec ces deux paramètres avec un certain art. Ainsi, il a accordé sa première interview à un journal étranger depuis cinq ans. Le choix de Der Spiegel n’est pas anodin puisqu’il s’agit d’un des journaux européens et non francophones les plus lus et reconnus. Les échanges avec le journaliste se sont déroulés en anglais et ont vu le président botter en touche dès que la question ultra-sensible de la date des prochaines élections a été évoquée.
Ainsi, le président réitère son désire d’ « organiser des élections aussi vite que possible » sans pourtant brusquer le calendrier. « Si vous organisez des élections chaotiques, vous aurez le chaos ». La mise en garde est bien comprise et le chef de l’Etat congolais poursuit en affirmant que les élections doivent être « parfaites ». Autrement dit, le pays a besoin de temps et c’est à la commission électorale de répondre à la question du calendrier. L’opposition s’inquiète – un peu plus – suite à ces propos car un accord a été paraphé le 31 décembre 2016. Un accord qui prévoit la tenue d’élection d’ici à la fin de l’année 2017. Mais le président joue avec les mots et estime qu’il n’ « a rien promis du tout ». L’accord a été signé par l’opposition et des cadres de la majorité. Un accord où la signature présidentielle ne figure pas…
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