Burundi : la crise est déjà terminée pour le pouvoir

Après deux années de crise sanglante, le Burundi a enfin retrouvé la concorde nationale. Le responsable de la communication présidentielle, Willy Nyamitwe, estime qu’ « il n’y a plus de crise au Burundi ». Une déclaration très éloignée de la réalité sur le terrain, mais qui s’inscrit dans un contexte de grandes manœuvres qui visent à disqualifier l’opposition en exil. Les dirigeants de l’opposition continuent d’être mis sur le banc de touche et le MSD, principal parti d’opposition, vient d’être « suspendu » pour une période de six mois.
Sous pression internationale, le Burundi ne change pas de ligne politique et refuse toujours d’entamer tout dialogue avec l’opposition en exil. Réunie sous la bannière de la Cnared, les dirigeants qui ne soutiennent pas la politique du président Pierre Nkurunziza ne peuvent pas rentrer au Burundi sous peine d’être arrêtés et – au mieux – incarcérés. La situation est bloquée et pour que le prochain sommet de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est, prévu fin avril, ne se transforme pas en une défaite en rase campagne pour le pouvoir, ce dernier joue avec les faits. Ainsi, d’un coup de baguette magique, la crise au Burundi serait déjà terminée.
Le site d’information burundais Ikiriho, proche du pouvoir a annoncé la création d’une fédération censée remplacer la Cnared. Une nouvelle structure dédiée à la lutte armée. Un moyen de disqualifier l’opposition dans son ensemble au moment même où le parti MDS, fer de lance de la contestation politique, est suspendu pour une période de six mois car il serait entré dans le combat armé. Il faut rappeler que le MDS ne peut plus assurer ses activités politiques au Burundi depuis plus d’un an car tous ses leaders ont dû partir en exil afin d’échapper à la répression des autorités. Des centaines de militants croupissent dans les geôles du régime.
Le pourrissement de la situation auquel s’emploie le pouvoir est une stratégie risquée dont nul ne peut prévoir le résultat final.