Imbonerakure : l’incitation au viol qui ne passe pas !

Le scandale n’aura pas mis longtemps à faire le tour du Burundi via les réseaux sociaux. Dans une vidéo vraisemblablement tournée le 1er avril dernier, plusieurs dizaines de membres des Imbonerakure – la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, chantent « Engrossez les adversaires pour qu’ils enfantent des Imbonerakure ». Un appel pure et simple au viol qui constitue un nouvel élément à charge contre un groupe qui s’est signalé par sa violence depuis le début de la guerre civile en 2015.
T-shirts colorés selon la section à laquelle ils appartiennent, pas cadencé et chant martial. Les Imbonerakure ont voulu faire une démonstration de force dans les rues de Ntega (nord du Burundi). Filmés, il entament un chant où l’appel au viol est patent : « Engrossez les adversaires pour qu’ils enfantent des Imbonerakure ». La vidéo fait le tour des réseaux sociaux et le gouvernement attaque son authenticité. Un membre de l’équipe de la communication présidentielle, Yves Lionnel Nubwacu, déclarait même le 4 avril : « Il ne s’agit que d’images de 2006 qui ne constituent en aucun cas un appel au viol [quoi qu’elle (la chanson) soit] certes d’un goût douteux ».
Mais face au tollé suscité par une vidéo dont l’authenticité et la date ont été confirmées par plusieurs sources, le pouvoir a finalement dû faire machine arrière et a promis une enquête disciplinaire. La nouvelle a été annoncée par un communiqué en date du 5 avril signé de la CNDD-FDD dans lequel on peut lire : « Le parti Cndd-Fdd a condamné avec la dernière énergie cet écart de langage et la Commission de discipline est déjà à pied d’œuvre pour déterminer les responsabilités afin que les coupables soient sanctionnés ».
Si le résultat de l’enquête à venir n’a que peu de chances d’aboutir à de réelles sanctions, cette nouvelle affaire vient renforcer la mauvaise réputation des Imbonerakure. Largement associés aux violences qui ont plongé le pays dans le chaos, les Imbonerakure sont déjà dans le collimateur de l’ONU. Dans un rapport de septembre 2016, les Nations unies affirment que « de nombreuses femmes qui ont fui le pays où elle ont été soumises à la violence sexuelle au cours de leur fuite par des Imbonerakure ».
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