Tensions sociales en Côte d’Ivoire, le pays dit adieux à ses vieux démons

Une recrudescence des tensions en Côte d’Ivoire a soulevé quelques inquiétudes quant à la stabilité du pays. Certains médias francophones n’ont pas hésité à parler de « retour de crise ». Cependant, la Côte d’Ivoire actuelle est bien différente de celle d’il y a 6 ans. Dialogue, stabilité et croissance sont aujourd’hui les maîtres mots du nouveau « moteur économique » de l’Afrique de l’Ouest.
La Côte d’Ivoire vit un mois de janvier compliqué…
Alassane Ouattara a connu un début d’année difficile. Pourtant, tout semblait lui sourire depuis sa réélection à l’automne 2015 – une réforme constitutionnelle largement adoptée avec en prime une victoire de son parti aux élections législatives de décembre. Néanmoins, des remous ont vu le jour les 5, 6 et 7 janvier, lorsque des soldats issus des Ex-Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) ont manifesté dans plusieurs villes de Côte d’Ivoire. Leurs demandes ? Le paiement de certaines primes, promises, mais non versées ainsi qu’une amélioration de leurs conditions de vie.
Ce ras-le-bol d’une faction des forces armées ivoiriennes a fait rejaillir les vieux démons de la crise politique de 2011. Le pays a largement œuvré pour se sortir de ce triste épisode et connaît depuis une certaine stabilité. Alassane Ouattara a en effet su consolider le calme et l’unité durant son premier mandat, et ce mouvement de protestation est le premier à venir menacer cet accomplissement. Néanmoins, après une longue médiation, le gouvernement ivoirien et les mutins se sont entendus sur le versement de 12 millions de francs CFA de primes aux 8 500 soldats lésés.
La situation s’est donc finalement calmée. Une « cérémonie du pardon » a même pu avoir lieu mercredi 25 janvier à Bouaké. Le sergent Yacouba Diallo désigné comme le porte-parole des mutins a alors reconnu avoir commis des actes de « brutalité, violence, menaces, des vols, et des utilisations d’armes » et a demandé le « pardon » des autorités, assurant que les prochaines demandes du groupe se feraient par voie hiérarchique. « Nous en sommes entièrement coupables et responsables », a admis le sergent avant de se confondre en excuses, explique RFI.
Mais il n’y a pas que les militaires qui ont choisi le mois de janvier pour se faire entendre. Les fonctionnaires aussi, mais de manière moins virulente. Ces derniers ont choisi de se mettre grève, le 9 janvier, afin de demander « le paiement d’augmentation salariales promises en 2009 à certaines catégories de fonctionnaires, de même que le paiement d’arriérés de salaires ». Ainsi, pour résoudre cette situation, le gouvernement a programmé une série de rencontres avec les grévistes et d’autres syndicats de fonctionnaires. Les premières réunions se sont d’ores et déjà montrées concluantes puisque des accords « gagnant-gagnant » ont été trouvés et que les grévistes ont repris le travail, comme le souhaitait le gouvernement, le lundi 23 janvier.
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire dialogue
Des discussions sont certes, toujours en cours au travers du Conseil national du dialogue social – un cadre loué par Theodore Gnagna Zadi, secrétaire général de l’intersyndicale, mais le gouvernement affiche son optimisme : « Ce que je peux vous dire, c’est que les échanges se sont très bien passés. Sur tous les points nous avons quasiment les mêmes orientations, mais il faut tenir toujours compte des possibilités de l’Etat. Les négociations avancent, et j’allais même dire, avancent très bien » confiait mercredi soir le ministre de l’Economie et des Finances Adama Koné..
Ces vieux fantômes, datant de la difficile décennie 2000, sont en effet revenus hanter le pays lors du mois de janvier. Cependant, la résolution de la crise par le dialogue montre bien le renouveau du pays et vient confirmer les propos tenus par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon au lendemain des législatives « pacifiques » et « inclusives » du 18 décembre. Ce dernier avait en effet souligné les « immenses progrès réalisés en Côte d’Ivoire avec la conclusion de l’élection présidentielle libre et transparente au mois d’octobre 2015 et le référendum constitutionnel en octobre 2016 » qui assurait que « la Côte d’Ivoire s’achemine fermement vers une paix et une stabilité durables ».