Exil guinéen pour Yahya Jammeh

Après presque deux mois d’incertitude concernant le sort de la Gambie et de son président Yahya Jammeh, la situation s’est finalement débloquée avec le départ du pouvoir de ce dernier. A la tête du pays depuis 22 ans, celui qui est considéré comme un dictateur et pourrait devoir répondre de crimes contre l’humanité a choisi de s’exiler en Guinée équatoriale. Un choix notamment critiqué par l’opposition au président guinéen Obiang Nguema.
Un bain de sang aura finalement été évité en Gambie où la pression internationale a permis de faire respecter les résultats de l’élection présidentielle de novembre 2016. Battu dans les urnes par Adama Barrow et ayant lui-même reconnu sa défaite, Yahya Jammeh a tenté toutefois quelques jours plus tard de se maintenir au pouvoir et a refusé de reconnaître son échec. Sous la pression internationale il s’est décidé à prendre le chemin de l’exil qui l’a amené à Malabo via un bref passage par la Guinée Conakry.
Le choix de la Guinée équatoriale a été mûrement réfléchi puisque le pays n’est pas signataire du Statut de Rome de la Cour pénale internationale de La Haye et n’est donc pas tenu d’extrader Yahya Jammeh dans l’éventualité où il devrait faire face à un procès pour les exactions qui ont eu lieu au cours de son long règne. Son successeur, Adama Barrow est toujours au Sénégal dans l’attente d’une situation moins confuse et dangereuse pour faire son retour dans le pays et s’installer dans le palais présidentiel.
Dans son exil guinéen, Yahya Jammeh aurait pris soin de dérober 11 millions de dollars appartenant à l’Etat gambien. Une information encore difficile à vérifier, mais qui donne du grain à moudre à l’opposition guinéenne qui dénonce une décision unilatérale du président Obiang. Andrés Esono, le secrétaire général de la Convergence pour la démocratie sociale (CDPS) s’est emporté : « Monsieur Obiang n’a consulté aucune institution, n’a consulté personne ici avant de prendre sa décision, c’est-à-dire que Monsieur Obiang ne respecte pas les institutions du pays, de la République ».