L’ONG Iteka radiée par le pouvoir burundais

La plus ancienne ligue burundaise des droits de l’Homme a été radiée par les autorités au prétexte qu’elle « ternit l’image du Burundi ». Iteka dénonce depuis 1991 les atteintes aux droits de l’Homme dans le pays et est en pointe dans la couverture des crimes qui marquent la guerre civile qui fait rage depuis plus d’un an. Ce « point de non retour » doit faire réagir la communauté internationale pour une Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) qui craint plus que jamais le pire.
Iteka, la ligue la plus ancienne et la plus emblématique au Burundi a été radiée de manière définitive par l’exécutif burundais. Cette décision lourde de sens a été prise au motif qu’Iteka contribuait à « ternir l’image du pays » et à « semer la haine et la division au sein de la population ». Suspendues d’activités depuis le début de la crise en avril 2005, les équipes d’Iteka avaient pourtant continué leur travail et dénoncé de nombreux crimes perpétrés depuis lors. En novembre dernier, un rapport co-écrit par Iteka et la FIDH mettaient à mal les actions d’un pouvoir particulièrement féroce contre l’opposition.
La FIDH parle d’un pouvoir « totalitaire », « répressif » et « meurtrier » et dénonce une décision « funeste » qui laisse présager une répression plus forte encore. En exil, le président d’Iteka, Anschaire Nikoyagize, assure ne pas être « surpris par cette decision. Elle vient confirmer que le pouvoir burundais continue de tout mettre en œuvre pour que ses graves violations des droits humains ne soient plus rapportées et pour échapper à l’attention de la communauté internationale ». Ce dernier juge également que le travail de ses équipes sera plus difficile encore suite à cette décision, mais qu’elles n’arrêteront pas de dénoncer les crimes commis sur le sol burundais. La radiation d’Iteka suit la dissolution de nombreuses autres ONG qui ont elles aussi dénoncé les exactions commises par le pouvoir au Burundi.
Read also
- Soutenir les rapatriés burundais et leur permettre de construire un avenir plus prospère et stable
- Le Burundi change de Premier ministre après des complots sur un potentiel coup d’Etat
- Le Burundi affirme qu’il n’autorisera “jamais” la présence du rapporteur spécial de l’ONU
- Les États-Unis lèvent les sanctions de 2015 contre quatre Burundais
- Le Burundi se désolidarise de l’ONU estimant avoir atteint une situation de paix suffisante