Le Tchad se dote d’un nouveau Code pénal

Le 12 décembre restera dans l’histoire du Tchad comme la journée qui a vu l’adoption d’un nouveau Code pénal qui remplace celui – jugé trop obsolète – de 1967. Parmi les principales réformes on dénombre l’interdiction du mariage pour les mineurs, l’abolition de la peine de mort sauf pour des condamnations liées au terrorisme et la répression moins forte de l’homosexualité.
L’adoption d’un nouveau Code pénal au Tchad a été bien accueillie par les députés qui ont voté à une écrasante majorité (111 voix pour, 1 contre et 4 abstentions) en faveur de cette mouture plus moderne. Pourtant, cette quasi-unanimité a été obtenue après de nombreuses tractations dans un pays en proie, rappelons-le, à de grandes tensions sociales depuis plusieurs mois. L’ancien Premier ministre Delwa Kassiré Coumakoye n’a pas hésité à dire sans détour ce qu’il pensait : « J’ai l’impression que particulièrement au Tchad, nous vivons par rapport aux idées des autres. Nous n’avons pas nos propres idées ». La question de l’homosexualité est dans le collimateur de cette figure politique qui ne voit pas d’un bon œil le passage de crime à délit pour qualifier l’homosexualité. « L’homosexualité est condamnée par toutes les religions. On n’a pas à pardonner quelque chose que Dieu même rejette, parce que les Occidentaux ont dit ceci, cela… » poursuit l’ancien chef de Gouvernement.
Une mesure plus consensuelle et saluée : l’abolition de la peine de mort sauf pour faits de terrorisme. La lutte contre Boko Haram marque les esprits tchadiens et dans ce contexte il était difficile d’abolir complètement la peine de mort. Une question de temps ? Autre avancée, plus complète celle-là, est l’interdiction de se marier pour les mineurs. Officiellement la loi interdisait jusqu’ici les mariages pour tout individu au-dessous de seize ans, mais la réalité sur le terrain est bien différente. 28 % des femmes de 15 à 49 ans ont été mariées avant l’âge de 15 ans. Ce chiffre monte à 69 % pour les unions avant la majorité. Le président Idriss Déby entend faire respecter la loi sur l’ensemble du territoire d’ici à 2020 et à changer ainsi des mentalités encore peu choquées par les mariages précoces.
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