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Pour Dominique Nouvian Ouattara, « l’autonomisation de la femme » se prépare dès le plus jeune âge

Pour Dominique Nouvian Ouattara, « l’autonomisation de la femme » se prépare dès le plus jeune âge

 

En marge de la 71e assemblée générale de l’ONU, une conférence organisée par les Premières Dames, en présence de la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, a traité de la question des opportunités d’avenir offertes aux jeunes filles à travers le monde. A cette occasion, les Premières Dames américaine Michelle Obama et ivoirienne Dominique Ouattara ont toutes deux effectué des prises de parole fortes et ambitieuses, appelant leurs homologues à agir auprès de leurs époux. Une nécessité particulièrement prégnante en Afrique.

 

L’accompagnement et l’émancipation de la jeunesse est un des enjeux majeurs du développement humain. Aujourd’hui, près de la moitié des quelque 7,4 milliards d’humains ont moins de vingt-cinq ans. Si la question de la prise en charge et la formation de la jeunesse est devenue une priorité pour la plupart des Etats dans le monde, cette cause est bien souvent affectée par les inégalités qui persistent entre les femmes et les hommes. Dans de nombreuses régions, les filles continuent en effet à n’avoir qu’un accès limité à l’enseignement, ce qui restreint ensuite le rôle qu’elles peuvent être amenées à jouer au sein de leur communauté.

 

Elles par ailleurs pénalisées par d’autres facteurs, comme les mariages prématurés, les grossesses chez les adolescentes ou encore la prévalence du VIH/sida. En Afrique sub-saharienne, où ces inégalités sont très élevées, près de 60 % de toutes les infections concernent les femmes : plus de 15 millions de femmes et de fillettes sont touchées. Dans la majeure partie de l’Afrique australe, la prévalence du VIH est de quatre à sept fois plus élevée chez les filles de moins de 18 ans que chez les garçons du même âge, et 67 % des jeunes séropositifs sont des filles.

 

Si dans l’écrasante majorité des cas l’égalité homme-femme est reconnue par les Etats, aucun pays au monde n’a atteint jusqu’à présent l’objectif d’une société égalitaire tel qu’il est fixé par l’ONU. L’accès à l’éducation et l’égalité des droits ne garantissent en effet pas des opportunités similaires. Il est donc encore nécessaire de passer de l’égalité des sexes à l’égalité des chances. La proportion de femmes au Parlement ou dans des conseils d’entreprise, le salaire des femmes, mais aussi la perception sociale des femmes et de leurs perspectives professionnelles, voilà autant de domaines où tous doivent encore fournir des efforts.

 

Bien souvent, les jeunes filles ont une perception dévalorisée de leur rôle social du fait de discriminations structurelles ou éducatives (notamment la transmission de valeurs par une génération qui n’a pas été sensibilisée à ces questions). Aussi, la promotion du rôle joué par des femmes d’influence dans le monde est cruciale pour faire comprendre aux femmes de la jeune génération que rien n’est hors de leur portée. Des personnalités comme Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, Park Geun-hye, présidente de la Corée du Sud, Michelle Bachelet, présidente du Chili ou encore Christine Lagarde, qui est à la tête du FMI, sont les figures de proue de cette dynamique. Certaines Premières Dames – par l’exemplarité de leur engagement – jouent le même rôle de décloisonnement des esprits.

 

Ainsi, la prise de parole Michelle Obama lors de la conférence des Premières Dames était lourde de sens. Elle y a invité les dirigeants de tous les pays, y compris des Etats-Unis, à œuvrer davantage pour l’égalité des sexes dès le plus jeune âge. Des propos qui résonnent avec d’autant plus de force que la deuxième édition du rapport Every Last Girl, publié par l’organisation internationale Save the Children, place les États-Unis « seulement » à la 32e place des pays qui offrent les meilleures opportunités aux filles. Ces derniers ont été pénalisés par un pourcentage élevé de grossesses chez les adolescentes (24,1 pour mille naissances) et faible de représentation des femmes au Parlement (19,4%).

 

Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara a quant à elle proposé des pistes de réflexion et… d’action : « Pour lutter efficacement contre la vulnérabilité de nos filles, il nous faut tout d’abord, leur donner une instruction scolaire, associée à une éducation sexuelle et reproductive, qui leur permettront d’acquérir les connaissances de base primordiales à leur équilibre social. De même, l’accès équitable aux soins de santé, passe par l’autonomisation financière de la femme, qui pourra ainsi se prendre en charge adéquatement ». Dans cette optique, elle a lancé dans son pays un programme de financement d’activités génératrices de revenus, à l’endroit des femmes, baptisé Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI).

 

Le FAFCI est un fonds de microcrédit qui s’adresse aux femmes porteuses de petits projets, qui trop souvent n’ont pas accès aux offres de financement du système bancaire. Le fonds est doté d’un capital de 8,5 milliards de FCFA, soit environ 15 millions de dollars, et permet à plus de 110 000 femmes à travers la Côte d’Ivoire d’entreprendre. « Ces microcrédits sont octroyés à un taux d’intérêt réduit et ne nécessitent aucune garantie, ni caution spécifique. Le crédit est remboursable au bout d’une année, et les bénéficiaires peuvent souscrire à un autre prêt, à l’issue du remboursement intégral de la somme reçue », explique Mme Ouattara. Un exemple parmi d’autres de ce qui peut être fait pour briser le plafond de verre qui, malgré une parité légale, empêche encore bien souvent les femmes de bénéficier des mêmes opportunités que les hommes dans de nombreux pays.

Publié le 2 novembre 2016 à 18 h 53 min par Rédaction

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