Réouverture de l’enquête française sur l’attentat de Habyarimana

Que s’est-il véritablement passé le 6 avril 1994 ? Abattu en plein ciel, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana a entraîné le déclenchement d’un génocide qui fera 800 000 victimes dont une immense majorité de Tutsis. La lumière n’a jamais été faite sur cet assassinat et constitue un point de tensions entre la France et le président Kagamé qui est accusé par un ancien général rwandais en exil d’être l’instigateur de cet attentat.
Selon l’AFP, des juges français ont lancé une nouvelle commission rogatoire internationale afin d’entendre le général Kaymba Nyamwasa. Ce dernier, chef d’Etat major au moment des faits accuse depuis sa disgrâce en 2013 le président Kagamé d’être responsable de cet attentat. Affirmant avoir des preuves des graves accusations lancées contre l’actuel chef de l’Etat rwandais, l’ancien général aujourd’hui en exil en Afrique du Sud ne s’est jamais expliqué devant la justice malgré les demandes réitérées des autorités françaises. Objet de deux tentatives d’assassinats depuis 2013, l’homme n’a pas livré tous ses secrets et les juges français tenteraient de nouveau de faire parler celui qui est soupçonné depuis 2006 d’être au cœur de cette machination.
Ce sont les juges Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux qui viennent de lancer une nouvelle commission rogatoire après que l’enquête ait été close en 2014. Le général Kayumba Nyamwasa serait prêt à raconter sa vérité devant les juges et d’enfoncer Paul Kagamé qui lui aurait dit le soir de l’attentat en 1994 : « l’avion du président Habyarimana avait été abattu pas nos propres troupes ». Ce nouveau rebondissement devrait tendre de nouveau des relations toujours difficiles entre Paris et Kigali à l’heure où la préparation à l’élection présidentielle au Rwanda fait des vagues au-delà des frontières de ce pas martyr.