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Présidentielle gabonaise : Jean Ping est-il toujours un candidat crédible ?

Présidentielle gabonaise : Jean Ping est-il toujours un candidat crédible ?

A quelques jours de l’élection présidentielle gabonaise, les affaires judiciaires se multiplient contre Jean Ping, candidat de l’opposition à l’actuel chef de l’Etat Ali Bongo. Qu’elles soient diligentées au niveau national ou à l’étranger, elles jettent le doute sur la crédibilité de sa candidature.

 

Deux plaintes au Gabon pour appel à la haine et diffamation

 

Le procureur de la République gabonais a annoncé l’ouverture de deux enquêtes contre le candidat unique du Front uni de l’opposition pour l’alternance à la présidentielle gabonaise qui se tiendra le 27 août, Jean Ping. La première porte sur l’utilisation du terme « cafard » pour qualifier ses adversaires politiques, un terme qui rappelle le passé douloureux du conflit rwandais où les génocidaires Hutus qualifiaient les Tutsis d’« inyenzi », littéralement « cafards », dans leurs appels à la haine.

 

« Quand on s’en va dans une bataille comme celle-là, on va au cimetière, on dit aux morts ‘’on s’en va à la guerre, levez-vous ! Levez-vous et accompagnez-nous !’’ Il s’agit d’une véritable expédition pour nous débarrasser des cafards », s’exclamait Jean Ping dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux en mai dernier. La deuxième plainte a été déposée mi-juin par l’actuel chef d’Etat gabonais, Ali Bongo, pour diffamation. Elle porte sur un message publié le 17 mai sur le compte Facebook de Jean Ping dans lequel il qualifie le chef de l’Etat de « pyromane » et de « génocidaire ».

 

Du lobbying américain financé par des fonds illicites chinois

 

Le candidat de l’opposition fait aussi parler de lui depuis l’étranger. Le département de justice américain a ouvert une enquête sur les sources de financement d’un cabinet de lobbying agissant auprès du Congrès américain au bénéfice de Jean Ping. L’homme politique aurait embauché le cabinet Nelson Mullins pour influencer le Congrès afin qu’il passe une résolution appuyant sa candidature à la tête de l’Etat gabonais. Finalement politiquement neutre et appelant à des élections libres et transparentes au Gabon, la résolution n’est toutefois pas passée inaperçue et a éveillé les soupçons des parlementaires. Les autorités se sont saisies de la question pour finalement découvrir que les fonds proviennent d’une société basée à Hong Kong, baptisée Fiex, et détenue par Franck Ping, le fils de Jean Ping. La société fait déjà l’objet de poursuites en France.

 

Le troisième volet judiciaire du clan Ping est en effet dirigé par les autorités françaises. L’enquête a démontré que Franck Ping a perçu des commissions illicites d’un montant total de 17 millions de dollars, après déduction des frais d’avocats, de la part du géant chinois Sinohydro, pour l’obtention de plusieurs contrats au Gabon. Il aura ainsi perçu 8 millions de dollars de commissions pour le contrat Hydropower, le réseau d’électricité de la capitale Libreville, en 2008, et 5 millions de plus pour plusieurs projets autoroutiers. Il a également été établi que les mêmes pratiques avaient rapporté 7 millions de dollars de commissions à Franck Ping sur le projet de barrage M’vele au Cameroun. Les commissions étaient versées par le truchement de la société hongkongaise Fiex. Me Meyer, avocat historique du clan Ping dont le cabinet parisien a été perquisitionné pour les besoins de l’enquête, a expliqué aux enquêteurs : « Que l’entreprise soit française, turque ou chinoise, pour que leur projet aboutisse, il faut qu’elles s’entourent de personnes connues et poussent l’administration à faire ce qu’elle a elle-même décidé. Ce n’est pas de la corruption mais une personne comme Frank Ping peut taper du poing sur la table en disant “si tu ne fais pas ton boulot, tu vas voir” en sous-entendant que le fonctionnaire pourra être remis à sa place. »

 

Dans un entretien accordé au journal Le Monde en mars dernier, Jean Ping avait annoncé qu’il se présentait à l’élection présidentielle gabonaise pour mettre fin au règne d’« un clan qui dirige le pays depuis cinquante ans ». A une semaine de l’unique tour de l’élection présidentielle qui se tiendra le 27 août, les polémiques s’accumulent autour du candidat de l’opposition, compromettant ses chances face à Ali Bongo, candidat à sa propre succession et pour l’heure donné vainqueur.

Publié le 24 août 2016 à 9 h 33 min par Rédaction

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