Le Gabon s’équipe d’une chaine d’info en continu

Le 24 mai, la première chaine d’information en continu du Gabon était lancée. Baptisée Gabon 24, elle propose de relayer l’actualité nationale et internationale avec l’ambition d’offrir aux Gabonais une télévision de qualité. A quelques mois de l’élection présidentielle, la chaine devrait permettre aux candidats de l’opposition de bénéficier d’un nouvel espace médiatique pour faire passer leurs idées.
Une télévision de qualité
C’est à Libreville, capitale du Gabon, qu’a été inaugurée le mardi 24 mai Gabon 24, la première chaine d’information en continu du pays. Pour le président gabonais Ali Bongo Ondimba, présent lors de la cérémonie de lancement, cette nouvelle chaine « rentre dans le projet qui était le nôtre de pouvoir enrichir le paysage audiovisuel gabonais (…) Surtout ce que nous voulons, c’est une télévision de qualité ».
Dix journalistes postés à Libreville ainsi que huit correspondants répartis sur l’ensemble du pays constituent actuellement l’équipe de Gabon 24. Pour le moment, les programmes en direct sont diffusés pendant trois tranches horaires : 6h-9h, 12h-15h et 18h-21h. Cependant, la chaine souhaite rapidement pouvoir émettre sans discontinuer de 6h à 21h.
Gabon 24 est une filiale de la chaîne publique Gabon Télévision et est disponible sur le bouquet Canal Plus Afrique. Le ministre de la communication Alain-Claude Bilie By Nze explique que la chaine a été créée pour répondre à la demande des Gabonais qui désirent une information « traitée, analysée, disséquée et diffusée par les médias de service public nationaux (…), par les médias africains ». La chaine s’érige en contre-proposition dans un paysage audiovisuel où l’information est souvent relayée par des agences de presse ou des organes médiatiques internationaux.
Question stratégie, la direction de la chaine veut faire une télévision d’aujourd’hui, moderne et accessible au plus grand nombre. « Gabon 24 doit séduire les Gabonaises et les Gabonais les plus jeunes en proposant des séquences d’info courtes et percutantes. Grâce aussi aux réseaux sociaux, dans une optique multimédia à 360 degrés », a expliqué le directeur général de Gabon Télévision, Mathieu Koumba.
A trois mois de la prochaine élection présidentielle, certains opposants critiquent la naissance de ce nouveau média, doutant de son indépendance éditoriale. « C’est une chaîne de plus au service du pouvoir qui alimente le monopole médiatique du PDG », déclare René Ndemezo’Obiang, ancien ministre de la Communication et depuis membre du parti d’opposition dirigé par Jean Ping, le Front Uni de l’Opposition pour l’Alternance (FUOPA).
A ceux qui l’accusent d’utiliser Gabon 24 comme un « outil électoral », le président Bongo garantit l’indépendance de la chaine. « Que ceci arrive à trois mois d’une échéance présidentielle, je dirais tant mieux pour tous les candidats qui vont avoir la possibilité d’atteindre un auditoire beaucoup plus important ».
Une position rapidement suivie par les déclarations du rédacteur en chef du site d’information Gabon Review qui confirme cette liberté de traitement de l’actualité. « Pour ma part, il s’agit d’un espace démocratique supplémentaire. Certains y voient un outil électoral, mais il faut attendre de voir ce que cela va donner » précise-t-il.
« Accompagner le processus démocratique »
La question de l’indépendance des médias se pose inévitablement dans un continent où la liberté d’expression est souvent bafouée, mise à mal par certains gouvernements qui font tout pour contrôler la presse et empêcher les journalistes de rencontre compte de l’actualité de manière objective.
Le 20 avril, Reporters sans frontières publiait son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde. Cette nouvelle liste dépeint encore une fois le visage d’une Afrique où la presse est malmenée. Que ce soit le Mali, le Nigéria, le Cameroun ou la Guinée, ces pays africains se situent tous entre la 100ème et la 150ème place du classement.
Certes, il y a des progressions encourageantes, comme la Tunisie qui gagne 30 place (96ème), mais également des dégringolades, l’Algérie en tête avec une chute de dix places (129ème). « Malgré une vague de libéralisation dans les années 1990, on assiste encore trop souvent à des pratiques arbitraires de censure, intensifiées récemment au nom de la lutte contre le terrorisme, et des atteintes violentes contre les journalistes, souvent dans la plus grande impunité », explique Reporters sans frontières.
Si le Gabon ne figure pas en haut du classement, le pays travaille cependant à l’amélioration des conditions de travail des journalistes. En 2015, le gouvernement annonçait la dépénalisation des délits de presse, répondant ainsi à une demande formulée depuis des années par les journalistes.
Gabon 24 devrait également faire écho à cette volonté d’accorder davantage de liberté à la presse et aux médias en général dans le pays. Une démarche confirmée par Maixent Accrombessi, directeur de cabinet du président gabonais. Le jour de l’inauguration de Gabon 24, il affirmait vouloir faire le nécessaire « pour que l’environnement de la presse soit de plus en plus libre ».
« Par notre sérieux, notre abnégation au travail, le bon usage de cet outil, nous pourrons prouver aux décideurs que nous sommes capables d’accompagner dans la paix et le professionnalisme, le processus démocratique dans notre pays », a indiqué Christophe Othamot, président du conseil d’administration de Gabon Télévisions. A l’approche d’une future échéance électorale qui voit le président sortant être de nouveau candidat à sa propre succession, il sera bientôt facile de juger de la véracité de ces promesses.
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