La mission secrète de Sepp Blatter

Sepp Blatter, ancien président de la FIFA rattrapé par des affaires de corruption est devenu en quelques semaines persona non grata dans les milieux du football et de la politique. Pourtant, juste avant sa spectaculaire chute, il comptait parmi les personnalités qui ont assez d’influence pour être appelé à jouer un rôle dans la pacification de certains pays. C’est ce que Sepp Blatter explique lui-même dans son autobiographie qui vient de paraître.
Sepp Blatter est-il le méchant absolu dont tous les médias de la planète se sont saisis ? A en croire tous les soupçons et les déclarations de hauts dirigeants du football, l’homme a plutôt bien servi ses propres intérêts. Chose non publique jusqu’à la parution de son autobiographie, l’homme aux mille secrets n’a pas que de vilaines histoires enterrées. La preuve avec sa mission de bons offices à laquelle il a pris part afin d’essayer d’éviter au Burundi d’entrer dans une grave crise politique.
Lors de la présentation de son livre à la presse, Sepp Blatter a déclaré : « Les Suisses, qui voulaient défendre les intérêts du Burundi, m’ont demandé de parler avec le président Pierre Nkurunziza, qui est aussi un grand fan de football, pour le persuader de ne pas se représenter ». La communauté internationale savait que si le président burundais se représentait, le pays aurait de fortes chances de sombrer dans le chaos. « On lui a proposé d’être ambassadeur du football pour l’Afrique ou en dehors » ajoute l’ancien président de la FIFA. Après un temps de réflexion et malgré les efforts de Sepp Blatter, le président Nkurunziza a finalement décidé de briguer un nouveau mandat.
Une décision lourde de sens puisque depuis son élection controversée en juillet 2015, le Burundi a sombré dans une véritable guerre civile qui a fait déjà plusieurs milliers de morts et entraîné l’exode de plusieurs dizaines de milliers de civils. Grand amateur de football, Pierre Nkurunziza a préféré prendre le risque de rester au pouvoir plutôt que d’œuvrer dans le domaine du football où son influence en Afrique aurait pu être très positive.
Les autorités suisses n’ont pas démenti l’information révélée par Sepp Blatter, mais on toutefois assuré qu’elles avaient demandé l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition et non pas l’exigence pure et simple d’un retrait de Pierre Nkurunziza de la course à la présidentielle. Diplomatie oblige. Mais les autorités du Burundi démentent cette version et confirment bien qu’il a été demandé au président de ne pas se représenter. Sur Twitter, le responsable de la communication du président Nkurunziza s’est emporté : « Ils ont essayé tout ce qu’ils pouvaient pour piétiner nos principes démocratiques fondamentaux au Burundi. Nous les avons battus ». La mission assez surprenante qui a été confiée à Sepp Blatter a été un échec couteux pour l’ensemble des Burundais. L’ancien président de la FIFA a conclu en disant que ce n’était pas la prochaine fois qu’il avait rendu des services qui dépassent le cadre du seul football.
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