Regain de violences meurtrières en Centrafrique

La diminution des violences Centrafrique est bien fragile comme l’illustre une nouvelle fois le regain de tensions dans le centre du pays. Une quinzaine de victimes sont recensées depuis quelques jours dans la ville de Bambari après des affrontements entre musulmans et chrétiens. Les accrochages et représailles se multiplient et les espoirs d’une normalisation de la situation s’éloignent un peu plus.
La ville de Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, est le théâtre de violences meurtrières depuis une semaine. Coupé entre quartiers musulmans et chrétiens, Bambari a déjà connu plusieurs flambées de violences depuis le début de la guerre civile en 2013. Lors de l’élection à la présidence de la République de Faustin Archange Touagera, une accalmie avait été constatée, mais des accrochages ont encore eu un effet boule de neige et la ville entière est aujourd’hui prête à s’embraser.
Tout a commencé avec l’enlèvement de deux musulmans sur une route à une dizaine de kilomètres au sud de Bambari. Cet événement a entraîné un premier accrochage entre ex-Seleka et anti-Bakala qui s’est soldé par la mort de plusieurs personnes. Depuis, les échauffourées sont quotidiennes. Un homme retient particulièrement l’attention des autorités car il serait au centre de ces nouvelles tensions communautaires. Il s’agit d’un certain « Fally » qui est présenté par les médias locaux comme un criminel. Il est décrit comme antimusulman et Peul et a même été arrêté par les forces de la Minusca en janvier dernier. Remis à la gendarmerie, l’homme s’est évadé et serait très actif dans la région. Les anti-bakala ont déclaré ne pas être en contact avec cet homme qui suscite l’inquiétude auprès des populations musulmanes et des autorités.
Ces violences reprennent au moment où un rapport de l’ONU montre toute l’horreur d’un conflit qui n’épargne guère les enfants. Depuis le début des hostilités, 333 enfants ont été assassinés et 589 mutilés à chaque fois pour des motifs religieux. Le rapport souligne la monstruosité des actes avec plus de 500 cas de viols recensés. Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armé affirme qu’ « en 2013 et 2014, au plus fort de la crise, les enfants ont été victimes de violations extrêmement graves commises dans un climat d’impunité totale, conséquences de l’effondrement et de la désintégration de la majorité des institutions de l’Etat ».