Angola : le kwanza en chute libre

Ce début d’année 2016 est un cauchemar pour la monnaie angolaise : le lundi 4 janvier le kwanza a chuté de 17 % par rapport au dollar américain. Cet effondrement est encore plus important que celui observé en septembre 2001 lors de la dévaluation de la monnaie nationale.
Le Kwanza va mal car l’économie de l’Angola est basée sur la vente du pétrole dont le prix a baissé de 70 % depuis le pic des prix en 2014 (28 dollars ces derniers jours contre environ 105 dollars en 2014). En parallèle avec la diminution des prix de l’or noir, la monnaie de l’Angola, deuxième producteur du pétrole africain, a perdu jusqu’à 24 % de sa valeur par rapport au dollar au cours de l’année 2015. La banque centrale a fait le choix de ne pas réguler le taux de change et a laissé le kwanza se dévaluer. Une monnaie qui a atteint un nouveau record avec désormais 158,73 kwanzas pour 1 dollar début 2016.
Même avec un taux extrêmement élevé il est difficile pour la population de se procurer des dollars : faute de liquidités, les banques angolaises ont quasiment arrêté de changer le kwanza. Au marché noir le prix d’un dollar est environ deux fois plus cher que le taux officiel : 335 kwanza contre 158,73. Néanmoins, les Angolais changent à la première occasion leur argent pour garder leurs économies dans une monnaie plus stable.
Situation catastrophique pour l’Angola, dont 75 % des recettes proviennent du pétrole (ce qui représente 48 % du PIB et 98 % des exportations). Le budget du pays avec un des meilleurs taux de croissance en Afrique a ainsi baissé de 72 à 54 milliards de dollars. Et avec comme conséquence une augmentation du taux d’endettement qui est passé de 31 % à 45 % du PIB.
Pourtant, encore en décembre dernier, la veille de la dévaluation de monnaie, les autorités angolaises assuraient qu’il n’y avait pas de crise et insistaient sur le caractère « temporaire » de la situation. Le nouveau gouverneur de la Banque nationale de l’Angola, José Pedro de Morais affirmait à l’époque : « La balance des paiements est déficitaire et il y a moins de ressources étrangères, mais le budget de l’Etat pour l’exercice 2016 tente de répondre à cette difficulté temporaire ».
En ce mois de janvier les discours officiels ont changé : désormais, on parle plutôt des mesures drastiques pour sortir de la crise. Selon le journal hebdomadaire portugais Expresso, « le gouvernement va augmenter les impôts, suspendre temporairement
les embauches dans la fonction publique et augmenter le prix des combustibles ».
Le kwanza n’en est pas à sa première crise : les deux dernières remontent à 2001 lors de sa dévaluation et 2008 à l’occasion de la crise économique mondiale. Ayant tiré les leçons de cette dernière crise qui a considérablement touché son économie, le gouvernement angolais a décidé d’établir le budget national en se basant sur le prix d’un baril de pétrole inférieur à celui du marché pour mettre l’argent de côté. Toutefois, ce « magot » ne permet pas de couvrir la perte de recettes qui est estimée à une vingtaine de milliards de dollars.
Le pays lusophone d’Afrique sub-saharienne n’est pas le seul à souffrir des conséquences de la chute du pétrole puisque, par exemple, la devise nigériane dont l’économie repose sur la vente d’or noir, connait également une baisse importante.