Un imam radical tué au Rwanda

Un imam rwandais, soupçonné d’inciter les jeunes à rejoindre les groupes radicaux de l’Etat islamique en Syrie a été tué par balles lors de sa tentative de fuir la police.
Selon un communiqué des forces d’ordre rwandaises, il s’agit de Muhammad Mugemangango, imam adjoint de la mosquée du quartier de Kimiromko, à Kigali. Soupçonné « d’implication dans des activités terroristes » et « d’orientation les jeunes vers le jihad et de les recruter », il a été placé en garde à vue par la police rwandaise. L’accident mortel est survenu le 23 janvier lorsque le suspect était en chemin à son domicile pour un’ perquisition, accompagné d’un agent de police. Comme précisé dans le communiqué, Mugemangango aurait tenté de s’échapper : « Il a sauté du véhicule, essuyant immédiatement des tirs » dont un fut mortel.
D’après la police rwandaise, ce n’est pas un cas isolé au Rwanda. Les policiers affirment « faire de leur mieux » pour « démasquer les réseaux et les traiter conformément à la loi ». Dans leur enquête ils s’appuient sur les renseignements fournis par les habitants. Cependant, la pratique de « recrutement » pour l’Etat islamique est nouvelle pour le pays. Celestin Twahirwa, porte-parole de la police, le confirme : « C’est la première affaire » concrète au Rwanda de recrutement de personnes pour devenir djihadistes. Cependant, il déclare de ne « pas avoir connaissance de cas confirmés de Rwandais s’étant rendus » en Syrie.
Même si la communauté musulmane est en hausse ces dernières années, elle reste peu nombreuse par rapport à d’autres communautés. La présence de cette religion au Rwanda remonte aux années 1890, à l’époque de colonisation allemande. Elle n’était pratiquée au début que par des populations étrangères. L’islam a su faire des adeptes et s’est peu à peu développé. Lors du génocide de 1994, on comptait environ 500 000 musulmans, tandis qu’aujourd’hui leur nombre s’élèverait à 2 millions. Cela ne représente que 2 à 5 % de la population, les majorités étant catholique (43,7 %) et protestante (37,7 %).
A l’inverse d’autres pays africains dont certains connaissent une vague de radicalisme musulman, l’islam au Rwanda occupe une place particulière : lors du génocide 1994, quand plus d’un million de Tutsis ont été tués, les personnes pourchassées cherchaient parfois un abri dans des mosquées, cachées par les musulmans, souvent Hutus. Ainsi, selon certains chercheurs, l’islam est allé au-delà de l’identité ethnique ou tribale, étant même « un trait d’union entre les Hutus et les Tutsis ».
Aujourd’hui les imams sont formés localement suivant des cours à l’Institut islamique de Kagali. D’autres continuent de faire leurs études à l’étranger, notamment en Egypte, en Arabie Saoudite, en Libye ou encore au Soudan. Ils collaborent souvent avec des institutions étrangères ou organisations islamiques internationales, comme la Ligue musulmane mondiale ou Association mondiale pour l’appel islamique.
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