Burundi : des putschistes de mai plaident coupables

Ce lundi le général Cyrille Ndayirukiye a plaidé coupable de son implication dans la tentative du coup d’Etat de mai 2015. Devant la cour suprême du Burundi réunie à Gitega pour juger des accusés du putsch, le général explique qu’il ne pouvait « pas rester les bras croisés »
Le raisonnement du général Cyrille Ndayirukiye est le suivant : « Je ne pouvais pas rester les bras croisés alors que la police était en train de tuer la population, pendant que le président Pierre Nkurunziza jouait au football et que les soldats semblaient indifférents ». La ligne de défense est d’autant plus forte qu’il a souhaité plaider lui-même. Ils sont au total 28 policiers et militaires à être accusés dans l’organisation du coup d’état manqué. Cyrille Ndayirukiye explique leurs motifs : « Notre objectif était de faire respecter l’accord de paix d’Arusha et la Constitution du Burundi qui ont été violés ».
Ces hommes se sont opposés au troisième mandat de président Pierre Nkurunziza. L’annonce de sa candidature a suscité des mécontentements de la part d’une partie de la population qui l’a jugée anticonstitutionnelle. C’est le général Godefroid Niyombare, ex-patron des renseignements qui a pris en main la tentative, en annonçant à la radio la déchéance des fonctions du président et invitant à bloquer les frontières du pays pour empêcher le retour du Président au moment où il était en déplacement en Tanzanie.
Des affrontements ont éclatés par la suite, notamment dans la capitale, entre les adeptes du putsch et les défenseurs du président. L’échec du coup a été annoncé par les opposants. C’est au retour du président du pays, que le général Cyrille Ndayirukiyea été arrêté, en compagnie de Zénon Ndabaneze, commissaire de police et porte-parole des rebelles. Le numéro 1 du putch général Niyombare, quant à lui, est toujours en fuite.
Cyrille Ndayirukiye refuse d’ailleurs de « porter seul le chapeau avec ses codétenus » et demande de confronter le général Pontien Gaciyubwenge, le chef d’état-major de l’armée de l’époque, actuellement en fuite, et le chef d’état-major général de l’armée Prime Niyongabo, toujours au pouvoir, qui étaient à la source du coup d’Etat, selon lui.
La demande qui a peu de chances d’aboutir car le président de la Cour suprême, Albert Nduwimana, a déclaré de ne pas avoir d’éléments dans le dossier contre les personnalités indiquées. Rappelons que le coup d’Etat manqué a fait partie d’une série de troubles dans laquelle s’est enfoncé le pays et qui a provoqué la fuite d’environ 105 000 personnes.
La communauté internationale, dont notamment les Nations Unies représentées par son Secrétaire général Ban Ki-Moon, a dénoncé la tentative du coup d’Etat contre le « gouvernement élu » et a invité la population à maintenir les élections « crédibles », en condamnant toute violence. En fin de compte, Pierre Nkurunziza a été réélu le 24 juillet dès le premier tour, avec plus de 69 % des voix.
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