Germain Katenga et Thomas Lubanga transférés à Kinshasa

Germain Katanga et Thomas Lubanga, anciens miliciens congolais condamnés par la Cour pénale internationale (CPI) ont été transférés de la Haye à la prison de Makala à Kinshasa.
Selon le communiqué de la juridiction permanente, «c’est la première fois » qu’un Etat est désigné pour l’exécution des peines prononcées par la Cour. C’est ainsi que le transfert a eu lieu ce vendredi 18 décembre. Le ministre congolais de la Justice Alexis Thambwe Mwamba a déjà confirmé que les deux détenus sont bien arrivés à Kinshasa. Ils ont atterri ce matin à l’aéroport de Ndjili et étaient « menottés, escortés par la police occidentale et ont été accueillis par les services judiciaires congolais », informe un responsable des services de sécurité.
Selon l’avocat de Katanga, David Hooper, le départ de la Haye ne s’est pas fait sans larmes : « Le président Gbagbo était là, Jean-Pierre Bemba, Blé Goudé… Apparemment, il y a eu des larmes. Ils ont formé une petite communauté très proche ».
Effectivement, ils avaient le temps de se rapprocher car Germain Katanga a passé 8 ans à la CPI, depuis qu’il y a été transféré en 2007. Suite à des investigations et des procès il a été condamné en mars 2014 à douze ans de priso,. Après avoir passé deux tiers de sa peine, en novembre dernier il a bénéficié d’une libération anticipée pour un bon comportement et l’expression de « ses regrets pour les préjudices causés aux victimes ». Il devrait être libéré le 18 janvier.
Rappelons que Germain Katanga a été condamné pour son implication dans l’attaque d’un village de Bogoro en Ituri, localité située au nord-est de la République démocratique du Congo. Plus précisément il a été accusé de stockage et de distribution des armes utilisées lors de tueries de 2003.
Pourtant, même après la décision de sa libération anticipée et le renvoi dans son pays, Katanga qui disait vouloir devenir agriculteur à son retour en RDC, n’est pas toujours sûr de pouvoir réaliser cette envie. Il existe un autre dossier ouvert contre lui. Il s’agit de son implication présumée dans une attaque contre des casques bleus bangladais en Ituri en 2005 qui a fait neuf morts. Parmi les impliqués dans ce dossier on trouve Pierre Mbodina, ancien agent des renseignements congolais qui était venu témoigner à la CPI en faveur de Germain Katanga. Lors de sa déposition en 2011 il avait accusé le régime Kabila comme coupable du drame qui s’était produit à Bogoro. D’ailleurs, Mbodina regrette aujourd’hui son témoignage étant emprisonné à Kinshasa après des plusieurs tentatives d’obtenir un asile politique aux Pays-Bas, toutes en vain. L’avocat de Katanga pourtant balaye les faits qui sont reprochés à son client, car selon lui, à l’époque de l’attaque il se trouvait à 2 000 kilomètres de l’Ituri.
Son co-accusé Thomas Lubanga, quand à lui, n’a pas bénéficié d’atténuation de sa peine. Condamné en juillet 2012 à 14 ans de prison pour avoir engagé des enfants de moins de 15 ans aux hostilités lors de la guerre en Ituri entre 2002 et 2003, il est entré dans l’histoire comme la première personne condamnée par la CPI pour des crimes de guerre.