Triple attentat meurtrier au Tchad

Ce samedi 5 décembre, un triple attentat-suicide a été commis à Kelfoua, une île tchadienne sur le lac Tchad. Trois kamikazes se sont fait exploser au marché de Loulou Fou et ont tué 27 personnes et en ont blessé plus de 80. Le « style » des attaques ne fait aucun doute sur la nature des kamikazes : des djihadistes de Boko Haram qui frappent la région du lac Tchad.
Samedi est un jour de marché pour les habitants de l’île de Kelfoua qui s’y rendent nombreux. Les djihadistes ont ciblé le marché de poisson et un marché central où deux terroristes se sont fait sautés. Peu de temps après, le troisième kamikaze a déclenché sa bombe dans une ruelle. Les trois terroristes sont morts. La situation se complique par le fait que l’île est assez éloignée de la capitale de la région, le seul moyen de s’y rendre étant une barque à moteur. Le trajet nécessite trois heures et les services de secours ont été obligés d’utiliser des hélicoptères pour évacuer les blessés.
Plusieurs chefs d’Etat ont déjà exprimé leurs condoléances et leur solidarité avec les victimes et le peuple tchadien. Le Président du Cameroun, un pays voisin qui devient également une des cibles des attaques meurtrières, a rappelé dans son communiqué l’inadmissibilité de toute sorte de violence : « Je condamne de nouveau, avec force, le recours par des groupes terroristes, à la violence aveugle et barbare, contre de paisibles populations ». L’Union européenne dans son communiqué a également fait part de son soutien au Tchad : « Face à la menace terroriste, l’UE reste mobilisée aux côtés du Tchad et des pays de la région. Elle est prête à utiliser tous ses instruments pour aider à la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité dans la région du Sahel ».
Cette attaque s’inscrit dans une série d’attentats commis par les insurgés islamistes de Boko Haram. Le mois dernier ils ont frappé un village de Ngouboua et ont fait 5 morts. En octobre, le Tchad a essuyé l’attaque la plus meurtrière : un triple attentat à Baga Sola, une des principales villes tchadiennes du lac. Le bilan du gouvernement fait état de 41 morts et 48 blessés. Dans les deux cas, les terroristes se sont fait exploser.
Suite à cette intensification des violences, le 9 novembre le gouvernement Tchadien a décrété un état d’urgence dans cette zone pour une durée de quatre mois. Il a également mobilisé des forces armées qui avaient été envoyées en début d’année 2015 au Cameroun pour mener une opération offensive contre les terroristes nigérians. Les contingents des troupes de Forces Armées Tchadiennes Intervenant au Cameroun (FATIC) comptent environ 5 000 soldats. Lors des opérations, elles ont réussi à libérer plusieurs villes du Niger, dont Gamboru, Malam Fatori et Dikwa. Cependant, les pertes humaines sont significatives : 113 soldats morts et 660 blessés.
Certains recrutés tchadiens se battent aussi dans le cadre de la force régionale. Cette Force Multinationale Mixte créée par les pays riverains du bassin du lac Tchad (Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad) et le Bénin, avec le siège à N’Djamena compterait près de 8 700 militaires, policiers et civils. La FMM vient d’entrer dans la phase opérationnelle clé précédent en effectuant leur première patrouille le 25 novembre 2015 entre Limani et Boundéri, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.