J -10 avant le référendum constitutionnel congolais

Le 25 octobre prochain, les électeurs congolais se rendront dans les bureaux de vote afin de se prononcer sur la nouvelle Constitution qui pourrait permettre au président en exercice, Denis Sassou Nguesso, de se représenter devant les électeurs. Fort d’un bilan économique et social très positif, ce dernier aurait toutes les chances d’être réélu en 2016 même si l’opposition affirme qu’il s’agit là d’un « coup d’Etat constitutionnel ».
L’idée d’un changement de Constitution circule depuis plusieurs mois au Congo Brazzaville. Les institutions se portent plutôt bien et l’idée centrale d’une modification constitutionnelle porte surtout sur les conditions pour se présenter à l’élection présidentielle. Denis Sassou Nguesso, revenu au pouvoir en 1997 au sortir d’une guerre civile terrible et élu à la présidence en 2002 puis 2009 ne peut plus se porter devant les électeurs. La Constitution l’en empêche en raison de son âge (72 ans) et des deux mandats déjà effectués. La norme suprême congolaise impose en effet une limite de deux mandats et un âge de 70 années révolues au maximum lors de la prise de fonction. Longtemps le doute a persisté au sujet de la volonté du président Nguesso de se représenter et dans un discours télévisé tenu le 12 août tout le monde s’attendait à une annonce. Il n’en fut rien.
Tout s’est joué finalement six semaines plus tard quand le président a déclaré vouloir « donner la parole directement au peuple afin qu’il se prononce sur le projet de loi énonçant les principes fondamentaux de la République ». L’annonce a eu l’effet d’une bombe et l’opposition a d’emblée été vent debout contre cette proposition et a estimé que le pays allait plonger dans le « chaos et dans une grave crise », appelant « la population de résister, pacifiquement et par les moyens que nous offre la Constitution en vigueur, contre ce coup d’Etat constitutionnel ». De chaos et de crise il n’y a pas tant le Congo se porte bien sur le plan économique et social. Si l’opposition est dans son rôle lorsqu’elle s’indigne de la tournure des événements, il semble que le soutien d’une large majorité de la population se fait sentir derrière le président.
Les Congolais n’oublient pas qu’il a été celui qui a permis de surmonter la guerre civile qui a dévasté le pays entre 1992 et 1997 et que sa politique économique a porté ses fruits depuis plusieurs années et ce même alors que la reconstruction était achevée et que l’économie mondiale bat de l’aile. Pour preuve, le PIB par habitant est passé de 1 000 dollars en 1999 à 5 000 dollars en 2013. Un bond colossal qui s’est accompagné d’une croissance forte (+5% en moyenne par an depuis le début des années 2000) et d’un taux de chômage inférieur à 10 %. Ces bons chiffres sont la clé de la réussite de Sassou Nguesso et les supporters du président sont nombreux malgré le départ remarqué des ministres de la Fonction Publique et du Commerce qui ont quitté leur poste après avoir exprimé leur réticence à voir la Constitution être modifiée.
La balle est aujourd’hui dans le camp des électeurs qui ont pu prendre connaissance depuis plusieurs jours de l’intégralité de la nouvelle Constitution sur laquelle ils vont devoir donner leur avis. L’opposition appelle au rejet du referendum tandis que les partisans du président se font entendre pour que ce dernier ait une chance de se représenter en mai prochain. Le vote du 25 octobre est capital car s’il valide le changement de Constitution il sera difficile de faire vaciller Sassou Nguesso lors de la prochaine élection présidentielle. Du côté des réactions dans les pays étrangers, les mots d’ordre sont plutôt discrets. Alors que les Etats-Unis se sont à plusieurs reprises exprimés de manière explicite contre un changement de Constitution au Rwanda, le discours concernant le Congo est beaucoup plus lisse. Celui de la France évite également de se mettre en porte-à-faux avec quiconque. Là encore, le bilan de Nguesso joue en sa faveur et les angles d’attaque sont peu nombreux.