Quel avenir pour l’ambassadeur de Belgique au Burundi ?

Les dernières heures ont été riches en rumeurs entre la Belgique et le Burundi. Selon des premières fuites qui se sont répandues sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur de Belgique à Bujumbura serait désormais persona non grata. Le ministère burundais des Relations extérieures aurait adressé une note verbale aux autorités belges afin de leur faire savoir que l’ambassadeur de la royauté s’est vu retirer son agrément. Aucune confirmation n’a été donnée pour le moment, mais les tensions entre les deux pays n’ont jamais été aussi vives.
L’ambassadeur Marc Gedopt retrouvera-t-il son bureau à Bujumbura ? Rien n’est certain. Absent de la capitale car en vacances, l’ambassadeur serait sur la sellette en raison de ces prises de position critiques vis-à-vis du régime. Une mise au placard qui ne vient pas de la chancellerie belge, mais bien des autorités burundaises qui n’ont pas gouté ses dernières sorties très critiques à l’endroit des responsables politiques alors que la situation dans le pays est chaotique. Pour montrer leur mécontentement, les Burundais auraient retiré l’agrément de l’ambassadeur. Une manière d’affirmer en langage diplomatique que le temps de la guerre froide a sonné.
Les avis divergent pourtant sur cette décision qui, s’il elle s’avérait vraie, serait un petit cataclysme dans le monde policé de la diplomatie. Elle serait la conséquence d’une dégradation des liens entre la Belgique et le Burundi ou bien une tentative de mettre fin à la brouille car Marc Gedopt serait accusé par certains de délivrer des informations inexactes à Bruxelles ce qui aurait pour effet de tendre les relations entre les deux capitales. Aucune confirmation n’a pour le moment été délivrée et le ministère burundais des Affaires extérieures n’a pas souhaité se répandre dans la presse alors qu’il est au centre de tous les questionnements. L’ambassadeur du Burundi en Belgique aurait été convoqué afin de faire la lumière sur cette affaire.
Vraie ou fausse, il est évident que les tensions entre les deux pays sont grandes depuis plusieurs semaines et cela s’est traduit il y a une semaine par la décision des autorités belges de suspendre quelques 60 millions d’aide au développement qui avaient été débloqués pour le Burundi. Le ministère belge de la Coopération a également décidé d’arrêter le projet de coopération policière avec Bujumbura. Des signaux très négatifs auxquels le retrait de l’agrément de l’ambassadeur serait une réponse. Pour le moment, tous les projets sont suspendus et peuvent reprendre dès que les autorités belges auront obtenu des gages de la part de leurs homologues burundais. Bruxelles est en effet très soucieux de voir l’accord de paix d’Arusha être respecté. Ce dernier interdit explicitement que le chef de l’Etat reste au pouvoir plus de deux mandats. Si jamais les choses ne s’arrangeaient pas entre les deux pays, les sommes initialement promises pourraient être finalement versées à des ONG. La pression financière peut être une arme intéressante pour ramener le pays à la table des négociations dans la mesure où l’aide des pays étrangers n’est pas négligeable. Ainsi, entre 2000 et 2015, la seule Union européenne a donné plus de deux milliards d’euros. De l’argent qui pourrait être utilisé pour d’autres projets ailleurs si le gouvernement burundais ne donne pas plus de gages en faveur de la paix.