Economie camerounaise : conclusions mitigées du FMI

Le Fonds Monétaire International vient de terminer une mission d’une semaine pendant laquelle ses agents ont décortiqué tous les chiffres de l’économie camerounaise. Côté bonne nouvelle, le FMI revoit les prévisions de croissance à la hausse avec 6 % de hausse en 2015 contre 5 % estimés en avril dernier. Côté mauvaise nouvelle, le pays ne fait pas assez attention aux grands projets qu’il initie et cela pèse sur l’endettement public.
Attendues mais aussi redoutées, les conclusions du FMI ne passent jamais inaperçues. Celles rendues publiques dans le Quotidien de l’Economie ce 25 septembre ne manqueront pas d’alerter les autorités et investisseurs. Suivant la tendance dessinée par le gouvernement camerounais, la croissance en 2015 devrait être plus forte qu’annoncée en avril dernier. Elle devrait avoisiner les 6 % alors que les premières estimations tablaient sur 5 %. Mario De Zamaroczy qui a conduit la mission du FMI explique cette nouvelle positive en raison du « bon comportement de certains secteurs, tels que les bâtiments, les travaux publics et les services financiers, ainsi qu’à l’augmentation de la production pétrolière ». Une bonne nouvelle un peu orpheline et qui aurait pu être encore meilleure si la lutte contre Boko Haram et la chute des prix du pétrole n’étaient pas venus s’en mêler.
Le FMI pointe les faiblesses de l’économie camerounaise à commencer par un endettement public qui progresse à un rythme soutenu. Equivalent à 22 % du PIB en 2014, il devrait atteindre la barre des 45 % dès 2020. Une tendance très mauvaise à laquelle s’ajoute des conditions de prêt toujours moins favorables. Afin de se prémunir d’une dégradation de la dette, le FMI juge indispensable « d’adopter une politique plus orientée vers l’endettement à des conditions plus concessionnelles et de consolider et de rationaliser le programme d’investissement public avec d’autres plans d’investissement ». L’institution internationale met également le doigt sur un phénomène qui contribue à une économie qui avance vers les difficultés : la qualité et la priorisation bancale des projets financés.
En prenant l’exemple du port en eau profonde de Kribi dont le gros œuvre est achevé, mais qui ne fonctionne qu’au ralenti en raison d’installations moins couteuses, mais toujours pas mises en place, le FMI invite les autorités à faire le tri entre tous les projets et à conclure ceux qui sont déjà bien avancés. « Le gouvernement doit éviter de vouloir tout faire à la fois : les hôpitaux, les routes, les barrages, l’électrification, le développement agricole, la formation… Le gouvernement doit choisir un certain nombre de projets spécifiques. La grande question est aussi l’immaturité de beaucoup de projets qui sont présentés au financement ». En résumé, Le Cameroun ne manque pas d’énergie, mais elle se disperse à l’image des financements et les projets à forte valeur ajoutée économique et sociale sont ralentis. Une question que le gouvernement doit prendre à bras le corps pour assurer un avenir économique serein au Cameroun.