Rwanda : la Cours suprême contre Kagame ?

Paul Kagame, président du Rwanda depuis 2003 (réélu en 2010) pourra-t-il finalement prétendre à un troisième mandat ? La question met en émoi tout le pays, mais aussi la communauté internationale – les Etats-Unis en tête – qui voit plutôt d’un mauvais œil une modification de la Constitution qui permettrait une telle manœuvre. La réponse se trouve actuellement entre les mains de la Cours suprême qui s’est déclarée compétente pour décider ou non de la légalité d’une modification de la norme suprême.
A en croire les autorités rwandaises, ceux qui s’opposent à une modification de la Constitution qui permettrait à Paul Kagame de briguer un troisième mandat consécutif se comptent sur les doigts de deux mains. Un tour de force qui est pourtant remis en cause par une petite formation d’opposition – le Parti démocratique vert – qui a soumis à la sagacité du juge le bien-fondé d’une telle modification de la Constitution. Cette dernière vient de se déclarer compétente pour juger de la chose. La juge Immaculée Nyirinkwaya a adéclaré : « après un examen attentif, la Cour suprême estime un examen du dossier amplement justifié ».
Une première bataille remportée parle Parti démocratique vert qui vient répondre aux millions de « demandes spontanées » issues de la société civile qui appellent à un maintient au pouvoir de Kagame. Sur 6 millions d’électeurs inscrits, ils seraient ainsi 3,7 millions à avoir exprimé leur volonté de conserver l’exécutif du pays tel qu’il est aujourd’hui. Le président, malmené au-delà des frontières rwandaises répond toujours avec une certaine ambiguïté quant à son avenir politique. « Attendez au moins jusqu’en 2017 pour voir ce qui se passe – et accusez-moi à ce moment-là s’il y a lieu. Le fait est qu’il est a priori pour moi hors de question de modifier la Constitution. C’est la Constitution de tout un peuple, à lui de décider ».
Si le Rwanda était amené à modifier sa Constitution et à réélire Paul Kagame (qui est l’homme fort du pays depuis la fin du génocide en 1994), nul doute que la communauté internationale poussée par les Etats-Unis devrait prendre ses distances avec un Etat qui se reconstruit depuis vingt ans malgré des blessures profondes. Sur le plan de la politique intérieur, qui pourrait empêcher, par les urnes, Paul Kagame de remporter une victoire éclatante ? L’absence de nom qui vient spontanément à l’esprit marque le fait que seule la justice semble devoir faire obstacle aux projets jamais explicitement affirmés par le président rwandais.